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Les tumeurs osseuses bénignes comprennent les tumeurs bénignes à cellules géantes d'os, les chondroblastomes, les fibromes chondromyxoïdes, les enchondromes, les fibromes non ossifiants, les ostéoblastomes, les ostéochondromes, les ostéomes ostéoïdes, les kystes osseux anévrismaux, les kystes osseux unicaméraux, et la dysplasie fibreuse.
Kyste osseux anévrismal
Un kyste osseux anévrismal est une lésion expansive qui se développe habituellement avant l'âge de 25 ans. Cette lésion kystique survient habituellement dans la région métaphysaire des os longs, mais presque tous les os peuvent être touchés. Elle a tendance à se développer lentement. Une coque d'os périosté nouveau se forme autour de la lésion expansive et elle élargit souvent l'os d'origine. La douleur et la tuméfaction sont fréquentes. La lésion peut être présente pendant quelques semaines à quelques mois avant le diagnostic. En plus d'être une tumeur osseuse bénigne de novo, les kystes osseux anévrismaux peuvent également survenir secondairement à d'autres tumeurs osseuses bénignes, typiquement une tumeur osseuse à cellules géantes. Les kystes osseux anévrismaux primitifs sont associés à un réarrangement du gène USP6, une anomalie absente dans les kystes osseux anévrismaux secondaires.
L'aspect radiographique est souvent caractéristique: la zone lucide est généralement bien circonscrite et excentrique; le périoste se bombe (ballonne) et s'étend dans les tissus mous, et peut être entouré par un tissu osseux néoformé. L'IRM montre typiquement des niveaux liquidiens sur les reconstructions axiales et sagittales. Sur l'imagerie, certaines lésions ressemblant à un kyste osseux anévrismal peuvent apparaître plus inquiétantes, avec des caractéristiques similaires à celles d'un ostéosarcome, et doivent donc éveiller la suspicion d'un ostéosarcome télangiectasique. Un kyste osseux anévrismal variant solide peut être confondu radiographiquement avec une tumeur osseuse à cellules géantes située à l'extrémité de l'os.
Un kyste osseux anévrismal confirmé par biopsie nécessite un traitement, car ces lésions peuvent avoir un comportement agressif et provoquer une destruction locale. Les lésions contenues peuvent être injectées avec un mélange de doxycycline, d'albumine et d'air qui forme une mousse injectable (1). L'objectif est d'injecter chaque partie du kyste, et plusieurs injections peuvent dans de nombreux cas être nécessaires. D'autres agents sclérosants à base d'alcool ont été utilisés. L'exérèse chirurgicale complète de la lésion constitue un autre traitement efficace. La radiothérapie peut être le traitement de choix pour les lésions vertébrales complètement inaccessibles à la chirurgie qui compriment la moelle épinière. Cependant, l'irradiation est évitée autant que possible en raison du risque de développer des tumeurs malignes secondaires.
Tumeur bénigne à cellules géantes de l'os
Les tumeurs bénignes à cellules géantes de l'os, qui le plus souvent affectent les personnes âgées de 20 à 40 ans surviennent dans les épiphyses et les régions distales épiphysaires-métaphysaires. Ces tumeurs sont considérées comme très localement agressives. Elles continuent à grandir et à détruire l'os, et peuvent finir par éroder et s'étendre dans les tissus mous. Elles peuvent être douloureuses. Ces tumeurs sont connues pour leur tendance à la récidive. Rarement, une tumeur à cellules géantes de l'os peut métastaser dans les poumons, même si elle reste histologiquement bénigne. La prévalence de ces métastases pulmonaires bénignes est d'environ 4 à 7% des patients (2). Les lésions plus destructrices localement, récidivantes et situées au niveau axial sont plus susceptibles de métastaser.
Les tumeurs bénignes à cellules géantes de l'os apparaissent sur l'imagerie comme des lésions lytiques qui soufflent l'os. Sur l'imagerie, il y a une frontière sans bordure condensée marquant la fin de la tumeur et le début de l'os trabéculaire normal. Une biopsie est nécessaire pour confirmer le diagnostic. En raison du risque de métastases pulmonaires, une TDM thoracique est réalisée dans le cadre du bilan initial, et des radiographies ou une TDM thoraciques sont effectuées pour la surveillance de routine après traitement.
La plupart des tumeurs bénignes à cellules géantes de l'os sont traitées par curetage radical, adjuvants chimiques ou thermiques locaux, et comblement par le méthacrylate de méthyle ou par greffe osseuse. Afin de réduire le taux de récidive, les chirurgiens préfèrent souvent utiliser un adjuvant, tel que la chaleur délivrée par un rayon argon, la congélation à l'azote liquide, ou le traitement chimique des tumeurs avec du phénol ou du peroxyde d'hydrogène. Si une tumeur est très volumineuse et détruit l'articulation, l'excision complète avec reconstruction articulaire peut être nécessaire. L'anticorps monoclonal denosumab, un inhibiteur du ligand du récepteur activateur du facteur nucléaire kappa-B (RANKL), peut être utilisé dans le traitement de la tumeur osseuse bénigne à cellules géantes pour des tumeurs ne pouvant pas être complètement réséquées (voir image Tumeur à cellules géantes [TDM]) ou pour le traitement des métastases pulmonaires.
Chondroblastome
Le chondroblastome est rare et survient le plus souvent chez les sujets âgés de moins de 20 ans. Naissant dans l'épiphyse, cette tumeur peut être localement agressive, provoquant la destruction de l'os et de l'articulation.
Le chondroblastome apparaît sur l'imagerie comme une lésion radiotransparente à bords condensés dans une localisation épiphysaire ou apophysaire et possède des calcifications intralésionnelles. L'IRM peut faciliter le diagnostic en montrant un œdème important autour de la lésion et la TDM peut être utile pour mieux visualiser les calcifications si elles ne sont pas apparentes sur les radiographies.
Cette tumeur est généralement traitée par un curetage agressif, et la cavité est greffée avec de l'os allogénique ou un substitut osseux. Le taux de récidive locale est de l'ordre de 5 à 10% lorsqu'il est traité par curetage chirurgical (3, 4), et les lésions récurrentes disparaissent souvent après un nouveau curetage osseux et une greffe osseuse. Dans certains cas, une fixation interne prophylactique peut être indiquée si le curetage a créé un important défect cortical.
Fibrome chondromyxoïde
Le fibrome chondromyxoïde est très rare et survient généralement chez les patients plus jeunes, typiquement ceux de moins de 30 ans.
À l'imagerie, le fibrome chondromyxoïde apparaît comme une lésion lytique excentrée, nettement délimitée, située près de l'extrémité des os longs. Le tibia proximal et l'aile iliaque sont des localisations fréquentes.
Le traitement du fibrome chondromyxoïde après la biopsie est l'exérèse ou le curetage chirurgical, avec souvent l'utilisation d'un adjuvant (p. ex., phénol, azote liquide, utilisation d'un faisceau d'argon) et la greffe osseuse. En raison de leur nature localement destructive et de leur propension à récidiver en cas de traitement incomplet, ces lésions sont généralement traitées de manière très agressive.
Enchondrome
Les enchondromes peuvent survenir à tout âge, mais ont tendance à se manifester à l'âge adulte. Ils sont généralement situés à l'intérieur de l'os médullaire, dans la région métaphysodiaphysaire. Ces tumeurs sont généralement asymptomatiques et détectées de manière fortuite (p. ex., lors d'un examen d'imagerie pour évaluer une blessure musculosquelettique). Cependant, il arrive parfois que les enchondromes soient volumineux et, rarement, qu'ils provoquent des douleurs.
À la radiographie, la lésion peut apparaître comme une zone calcifiée, lobulée, à l'intérieur de l'os; certaines lésions sont moins calcifiées, avec des zones de calcification pointillée sur les radiographies ou sur la TDM. S'ils sont adjacents au cortex, les enchondromes montrent souvent une légère échancrure endostéale. Une importante érosion endostale doit faire suspecter un chondrosarcome. Presque tous les enchondromes sont hyperfixants sur une scintigraphie osseuse et peuvent faire penser à tort au cancer. Les signes radiographiques, y compris l'IRM et la TDM, peuvent être diagnostiques; s'ils ne le sont pas, et surtout si la tumeur (et non de l'articulation associée) est douloureuse, le diagnostic d'enchondrome doit être remis en question. Pour différencier la douleur osseuse de la douleur articulaire, on peut injecter dans l'articulation un anesthésique généralement de longue durée (p. ex., de la bupivacaïne); si la douleur persiste après l'injection, elle peut être causée par la lésion osseuse. Une biopsie peut être envisagée, mais il est extrêmement difficile de différencier les cartilages bénins et malins de bas grade par biopsie (5). Le diagnostic différentiel entre enchondrome et chondrosarcome de bas grade repose idéalement sur des critères cliniques et radiographiques.
Un enchondrome asymptomatique n'a pas besoin de biopsie, d'exérèse, ou d'autres traitements; cependant, le suivi par imagerie est indiqué pour ne pas méconnaître la possibilité rare d'évolution vers un chondrosarcome. Ces examens sont généralement réalisés à 6 mois et à nouveau à 1 ou 2 ans. Le patient doit être informé qu'il doit consulter à nouveau en cas d'apparition de nouveaux symptômes, notamment une aggravation des douleurs non soulagées par les AINS ou le repos, ou l'apparition d'une masse.
Les patients qui ont des enchondromes multiples (maladie d'Ollier) et surtout une enchondromatose multiple avec hémangiomes des tissus mous (syndrome de Maffucci) ont un risque plus élevé de chondrosarcome et de développement d'autres tumeurs malignes. De ce fait, ces lésions nécessitent un suivi plus étroit.
Dysplasie fibreuse
La dysplasie fibreuse des os est le fruit d'un développement anormal pendant l'enfance. Elle affaiblit l'os, ce qui entraîne généralement la formation de fractures de fatigue, qui, à leur tour, provoquent un remodelage lent et une déformation osseuse. La dysplasie fibreuse peut affecter un (monostotique) ou plusieurs (polyostotique) os. La dysplasie fibreuse polyostotique, la pigmentation cutanée sous forme de taches café au lait et des anomalies endocriniennes entraînant une puberté précoce peuvent être présentes (également connues sous le nom de syndrome de McCune-Albright). Les lésions osseuses anormales de la dysplasie fibreuse cessent habituellement de se développer à la puberté. La dégénérescence maligne est un phénomène extrêmement rare.
À la radiographie, les lésions peuvent apparaître kystiques et peuvent être extensives et déformantes. Sur l'imagerie, les lésions ont un aspect classique en verre dépoli. Les lésions proximales du fémur, si elles sont suffisamment grandes et non traitées, peuvent entraîner le développement d'une déformation en 'canne de berger' à la radiographie.
Il a été démontré que les bisphosphonates contribuent à soulager la douleur (6). Les déformations progressives, les fractures qui ne consolident pas avec l'immobilisation ou des douleurs rebelles peuvent être efficacement traitées chirurgicalement.
Mélorhéostose
La mélorrhéostose est une maladie rare du développement de l'os cortical. Il s'agit d'une dysplasie mésodermique du cortex qui peut être liée à une mutation aléatoire du gène MAP2K1. Le processus commence dans l'enfance par un épaississement de la corticale osseuse, à la fois sur la surface externe (périostée) et la surface interne (endostéal). Le processus évolue très lentement dans l'os cortical. La mélorrhéostose n'affecte habituellement qu'un seul os (monostotique) mais peut affecter d'autres os (polyostotiques) du même membre (distribution somatique). Le tibia et le fémur sont les sites les plus fréquents.
Les patients présentent souvent une douleur ou une gêne osseuses, et les radiographies montrent un épaississement de l'os cortical atteint. L'aspect radiographique peut suggérer la formation d'un nouvel os d'origine traumatique, une fracture de fatigue ou même un néoplasme malin formant de l'os (p. ex., un ostéosarcome). Cependant, l'épaississement cortical dense a un aspect caractéristique en "cire de bougie" (hyperostose corticale irrégulière) et la stabilité de l'image sur les radiographies en série est suffisante pour poser le diagnostic sans biopsie.
Les symptômes de douleur et/ou d'inconfort du patient sont au mieux traités par des analgésiques ou des anti-inflammatoires, et des radiographies en série sont recommandées au fil du temps. Il existe également plusieurs rapports indiquant une amélioration de la douleur après perfusion de bisphosphonates (6). Les tentatives d'ablation chirurgicale ou de résection en bloc des lésions sévèrement douloureuses n'ont généralement pas été couronnées de succès et, dans de très rares cas, l'amputation a été nécessaire.
Cette TDM montre les lésions osseuses denses de mélorhéostose dans le fémur et le bassin.
Image courtoisie de Michael J. Joyce, MD, and David M. Joyce, MD.
Cette radiographie montre l'aspect en "cire de bougie qui coule" de la mélorhéostose dans le fémur; il est particulièrement visible au niveau du cortex fémoral latéral.
Image courtoisie de Michael J. Joyce, MD, and David M. Joyce, MD.
Fibrome non ossifiant (ou defect cortical, fibroxanthome)
Le fibrome non ossifiant est une lésion bénigne fibreuse des os qui apparaît comme une lésion excentrique et bien définie à la radiographie. Un fibrome non ossifiant impliquant la surface corticale périostée est appelé défaut cortical fibreux. Ces lésions sont essentiellement des anomalies du développement dans lesquelles des parties d'os qui normalement s'ossifient sont remplacées par une zone focale de tissu fibreux. Il semble dû à une mutation activatrice dans la voie de signalisation MAP-kinase (8). Ces lésions touchent le plus souvent les métaphyses, et les sites les plus fréquemment atteints sont le fémur distal, le tibia distal et le tibia proximal. Elles peuvent grossir progressivement et devenir multiloculés. Les fibromes non ossifiants sont fréquents chez l'enfant. La plupart des lésions finissent par s'ossifier et subir un remodelage, donnant souvent des zones denses et condensées. Cependant, certaines lésions persistent ou augmentent de taille et peuvent provoquer des douleurs liées à des fractures de fatigue ou même à des fractures pathologiques franches.
La plupart des fibromes non ossifiants sont petits et asymptomatiques. Cependant, les lésions impliquant environ 50% ou plus du diamètre de l'os ont tendance à être douloureuses et augmentent le risque de fracture pathologique.
Les fibromes non ossifiants sont généralement découverts fortuitement sur l'imagerie (p. ex., après une blessure mineure, une blessure ou un traumatisme sportifs). Ils sont généralement radiotransparents et solitaires avec un aspect oblong translucide et une bordure géographique dans la corticale. Ils peuvent également être multiloculés. Il existe un syndrome dans lequel les patients présentent de multiples fibromes non ossifiants accompagnés de lésions cutanées café-au-lait, connu sous le nom de syndrome de Jaffe-Campanacci (9).
Les petits fibromes non ossifiants ne nécessitent aucun traitement et relèvent d'un suivi limité dans le temps. Les lésions qui peuvent être à l'origine de douleurs ou sont proches de 50% du diamètre de l'os peuvent justifier un curetage et une greffe osseuse pour diminuer le risque d'une fracture pathologique à travers la lésion.
Ostéome ostéoïde
L'ostéome ostéoïde, une tumeur osseuse bénigne qui tend à affecter les jeunes patients (généralement âgés de 5 à 25 ans), peut toucher n'importe quel os mais est plus fréquent au niveau des os longs. Il peut causer des douleurs qui sont généralement plus intenses la nuit, ce qui reflète l'augmentation nocturne de l'inflammation médiée par les prostaglandines. La douleur est caractéristiquement soulagée par les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) qui ciblent les prostaglandines. Chez l'enfant, si la lésion se trouve proche d'un cartilage de croissance encore fertile, la réponse inflammatoire et l'hyperhémie associée peuvent entraîner un excès de croissance localisé et une inégalité de longueur des membres. L'examen clinique peut révéler une amyotrophie parce que la douleur provoque une sous-utilisation du muscle. Au niveau de la colonne vertébrale, l'inflammation de la lésion peut provoquer un spasme musculaire et une présentation semblable à celle d'une scoliose, accompagnée de douleurs associées.
L'aspect caractéristique sur l'imagerie est une petite zone radiotransparente (nidus) entourée d'une zone condensée. Si le diagnostic n'est pas clair, une scintigraphie osseuse du corps entier au technétium-99m montrera l'ostéome ostéoïde comme une zone d'absorption augmentée. Les radiographies ou la tomodensitométrie en coupes fines sans contraste sont les modalités d'imagerie de choix pour établir le diagnostic, car elles montreront l'aspect classique en "œil de taureau" du vrai nidus de la tumeur entouré d'os réactif. L'IRM peut également le faire, mais souvent avec moins de clarté. L'IRM montrera une large zone périphérique d'œdème sur les séquences sensibles aux liquides (T2 ou STIR), qui reflète l'inflammation associée. L'anamnèse et l'imagerie suffisent pour établir le diagnostic d'ostéome ostéoïde; toutefois, les petits os des mains et des pieds peuvent présenter un aspect plus agressif, augmentant ainsi le rôle de la biopsie dans ces localisations anatomiques.
L'ablation de la petite zone radiotransparente par ablation par radiofréquence percutanée permet un soulagement permanent dans la plupart des cas (10, 11). C'est pourquoi ce type de lésion est souvent traité par un radiologue interventionnel musculo-squelettique. Dans certains cas, les ostéomes ostéoïdes peuvent nécessiter un curetage chirurgical. C'est le plus souvent le cas lorsque l'ostéome ostéoïde se trouve à proximité d'une structure neurovasculaire critique ou près de la peau (p. ex. colonne vertébrale, mains, pieds) car la chaleur produite par l'ablation par radiofréquence peut causer des lésions thermiques.
Image TDM axiale du fémur proximal (l'os adjacent est la branche pelvienne) montrant le nidus radiotransparent typique avec calcification centrale (flèche) et un anneau de sclérose réactive chez un enfant présentant une douleur à la hanche gauche.
Image courtoisie de Michael J. Joyce, MD, and Hakan Ilaslan, MD.
Cette radiographie latérale du tibia gauche montre un ostéome ostéoïde cortical postérieur radiotransparent (flèche rouge). Noter l'épaississement périosté lisse, d'aspect chronique, autour de la tumeur (flèches bleues).
Image courtoisie de Michael J. Joyce, MD, and Hakan Ilaslan, MD.
Ostéoblastome
L'ostéoblastome est une tumeur bénigne rare qui consiste en un tissu histologiquement identique à celui d'un ostéome ostéoïde. Certains experts les considèrent simplement comme de grands ostéomes ostéoïdes (> 2 cm). L'ostéoblastome est plus fréquent chez les hommes et apparaît généralement entre 10 et 35 ans. La tumeur se développe dans l'os de la colonne vertébrale (éléments postérieurs), des jambes, des mains et des pieds. Il s'agit d'une tumeur à croissance lente qui détruit localement l'os normal et peut causer des douleurs importantes.
L'imagerie par radiographies, TDM et IRM montre une volumineuse masse ostéoblastique (formatrice d'os) qui s'étend généralement au-delà des limites corticales normales. Habituellement, une biopsie à ciel ouvert est justifiée pour confirmer le diagnostic d'ostéoblastome et exclure les étiologies malignes.
Le traitement de l'ostéoblastome nécessite une intervention chirurgicale, souvent un curetage et une greffe osseuse. Le taux de récidive locale des lésions traitées par curetage intralésionnel peut atteindre 10 à 20%. Les lésions qui apparaissent comme plus agressives sont traitées par une résection chirurgicale pratiquée en bloc et une reconstruction osseuse avec soit une allogreffe, soit des prothèses. Une variante appelée ostéoblastome agressif est similaire à l'ostéosarcome à la fois radiographiquement et histologiquement.
Ostéochondrome
Les ostéochondromes (exostoses ostéocartilagineuses), les plus fréquentes des tumeurs osseuses bénignes, peuvent provenir de n'importe quel os, mais ont tendance à se produire près des extrémités des os longs. Ces tumeurs se manifestent le plus souvent chez les sujets âgés de 10 à 20 ans et peuvent être uniques ou multiples. Les ostéochondromes multiples font généralement partie d'un syndrome appelé exostoses héréditaires multiples, résultant d'une mutation autosomique dominante des gènes EXT1, EXT2 ou EXT3 (12). La transformation maligne en chondrosarcome secondaire survient chez beaucoup moins de 1% des patients atteints d'ostéochondromes isolés, et il s'agit presque toujours d'une tumeur de bas grade. Les patients atteints d'exostoses héréditaires multiples ont plus de tumeurs et sont plus susceptibles de développer un chondrosarcome que les patients ayant un seul ostéochondrome.
Sur l'imagerie, la lésion apparaît comme une proéminence osseuse avec un chapeau cartilagineux (habituellement < 2 cm) hors de la surface de l'os sans cortex sous-jacent sous la proéminence. L'IRM peut différencier une capsule de cartilage épaisse, une bourse ou une masse dans les tissus mous environnants. La principale caractéristique diagnostique d'un ostéochondrome en imagerie est la continuité entre le canal médullaire de l'os et celui associé à la base de l'exostose. Occasionnellement, une bourse douloureuse peut se former au-dessus de la coiffe cartilagineuse, car ces lésions sont le plus souvent périarticulaires, dans des régions associées à des mouvements importants des tissus mous. Une autre cause potentielle de douleur associée à ces lésions est une fracture à la base de la lésion.
L'exérèse est indiquée si la tumeur augmente de taille, provoque une douleur due à la bourse inflammatoire, perturbe la croissance ou présente à l'imagerie des signes évoquant une transformation maligne, tels qu'un aspect destructeur, une masse des tissus mous ou une coiffe cartilagineuse épaissie (> 2 cm). Chez l'adulte, l'augmentation de volume d'une tumeur ou l'apparition d'une nouvelle douleur inexpliquée dans une tumeur connue doit faire suspecter un chondrosarcome et la nécessité possible d'une exérèse ou d'une biopsie.
Énostose (îlot osseux)
Les énostoses (îlots osseux) sont de petits ostéomes que l'on peut considérer comme des îlots denses d'os cortical situés dans le canal médullaire. Les ostéomes typiques sont des tumeurs bénignes formant de l'os, uniformément denses, plus fréquentes au niveau du crâne, rarement présentes dans le squelette axial ou le bassin. Ils ne sont pas douloureux et sont souvent repérés incidemment comme des densités osseuses avec des bordures nettes sur les radiographies. Le diagnostic repose sur l'aspect radiographique. A la scintigraphie osseuse, les lésions montrent peu ou pas d'augmentation de la captation. Si le diagnostic est incertain, l'IRM peut être utile car la masse/lésion doit apparaître uniformément hypointense en pondération T1 et T2, sans rehaussement après injection de contraste. Les énostoses et les ostéomes ne nécessitent pas de biopsie et peuvent être suivis périodiquement par radiographie standard.
Ostéopoïkilose
L'ostéopoïkilose est une maladie osseuse dysplasique sclérosante bénigne à transmission autosomique dominante caractérisée par de nombreux îlots osseux dans tout le squelette. Les lésions sont souvent trop nombreuses pour être comptées. Elle atteint généralement le squelette axial et les côtes, mais parfois les extrémités, en particulier la portion proximale des fémurs. L'ostéopoïkilose ne provoque aucun symptôme.
L'ostéopoïkilose est habituellement découverte fortuitement lors d'un examen d'imagerie réalisé pour une autre raison. Le diagnostic d'ostéopoïkilose repose sur l'aspect radiographique; et lors du suivi en série, les lésions devraient conserver le même aspect. Ces îlots osseux montrent peu ou pas d'activité à la scintigraphie osseuse. Chez les adultes de plus de 40 ans, le carcinome métastatique doit être envisagé dans le diagnostic différentiel. Cependant, les lésions métastatiques sont généralement plus grandes, ont des marges plus irrégulières et présentent des zones de rehaussement à l'IRM, tandis que les lésions d'ostéopoïkilose sont plus nombreuses dans les régions périarticulaires.
Images courtesy of Michael J. Joyce, MD, and David M. Joyce, MD.
Kyste osseux solitaire
Les kystes osseux unicaméraux (ou simples) surviennent dans les os longs de la région distale à la plaque physéale chez les enfants. Le kyste est rempli de liquide. Il provoque l'amincissement de la corticale et prédispose à une fracture pathologique en forme de boucle causant une douleur intense, ce qui généralement fait reconnaître le kyste.
Les radiographies font habituellement le diagnostic. Les kystes osseux unicaméraux apparaissent généralement comme des lésions à bords précis, sans sclérose réactionnelle ni expansion corticale. Si le kyste présente une fracture mineure, un fragment d'os de la coquille mince peut tomber au fond du kyste rempli de liquide. Il en résulte le signe classique de la "feuille tombée" sur les radiographies.
Les petits kystes guérissent parfois sans traitement. Une fracture non déplacée à travers de petits kystes peut stimuler la guérison; cependant, cela est imprévisible. Les kystes plus volumineux, particulièrement chez les enfants, peuvent nécessiter une intervention. Les options thérapeutiques comprennent les injections percutanées de corticostéroïdes, de matrice osseuse déminéralisée ou de substituts osseux synthétiques, ou encore le curetage ouvert avec greffe. Il est admis que la perforation de la paroi du kyste du côté intramédullaire, permettant l'entrée d'éléments de moelle osseuse, est bénéfique (13). La réponse aux injections de corticostéroïdes peut varier et peut nécessiter des injections répétées.
Références
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