Névrite optique

ParJohn J. Chen, MD, PhD, Mayo Clinic
Vérifié/Révisé juin 2024
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La névrite optique est une inflammation du nerf optique. Les symptômes sont habituellement unilatéraux et comprennent des douleurs oculaires et une perte de vision partielle ou totale. Le diagnostic est principalement clinique. Le traitement est en fonction de l'étiologie; la plupart des cas guérissent spontanément.

Étiologie de la névrite optique

La névrite optique est la neuropathie optique la plus fréquente chez les patients de moins de 50 ans (1). La plupart des cas résultent d'une maladie démyélinisante, en particulier la sclérose en plaques, dans ce cas, il peut y avoir des récidives. La névrite optique est souvent le symptôme inaugural de la sclérose en plaques. D'autres causes sont (2)

Des produits chimiques, des drogues et des médicaments tels que le plomb, le méthanol, la quinine, l'arsenic, l'éthambutol et des antibiotiques provoquent des neuropathies optiques plutôt qu'une vraie névrite optique. Les inhibiteurs du TNF-alpha et les inhibiteurs du point de contrôle immunitaire (immune checkpoint inhibitors) peuvent provoquer une névrite optique.

Des causes rares comprennent l'anémie pernicieuse et les maladies auto-immunes systémiques. Souvent, la cause reste idiopathique malgré une évaluation approfondie.

Références pour l'étiologie

  1. 1. Stunkel L, Kung NH, Wilson B, et al: Incidence and causes of overdiagnosis of optic neuritis. JAMA Ophthalmol 136(1):76-81, 2018. doi: 10.1001/jamaophthalmol.2017.5470

    2. Hassan MB, Stern C, Flanagan EP, et al: Population-based incidence of optic neuritis in the era of aquaporin-4 and myelin oligodendrocyte glycoprotein antibodies. Am J Ophthalmol 220:110-114, 2020. doi: 10.1016/j.ajo.2020.07.014

  2. 3. Chen JJ, Pittock SJ, Flanagan EP, et al: Optic neuritis in the era of biomarkers. Surv Ophthalmol 65(1):12-17, 2020. doi: 10.1016/j.survophthal.2019.08.001

  3. 4. Chen JJ, Bhatti MT: Clinical phenotype, radiological features, and treatment of myelin oligodendrocyte glycoprotein-immunoglobulin G (MOG-IgG) optic neuritis. Curr Opin Neurol 33(1):47-54, 2020.  doi: 10.1097/WCO.0000000000000766

Symptomatologie de la névrite optique

Le principal symptôme de la névrite optique est une perte de vision subaiguë, souvent maximale sous plusieurs jours et qui va d'un petit scotome central ou paracentral à la cécité totale. La plupart des patients signalent des douleurs oculaires qui souvent empirent avec des mouvements oculaires.

Les examens révèlent généralement une baisse de l'acuité visuelle, une anomalie du champ visuel (et une atteinte de la vision des couleurs). Une atteinte du réflexe photomoteur afférent est habituellement détectable si l'œil controlatéral n'est pas touché ou impliqué à un degré moindre. Le test de la vision des couleurs est un complément utile, bien que 10% des hommes puisqu'ils présentent un daltonisme congénital, produisent des résultats faussement positifs. Environ dans 2/3 des cas, l'inflammation est entièrement rétrobulbaire, et la tête du nerf apparaît normale (1). Chez les autres, une hyperhémie et un œdème discaux sont visibles.

Référence pour la symptomatologie

  1. 1. Optic Neuritis Study Group: The clinical profile of optic neuritis. Experience of the Optic Neuritis Treatment Trial. Arch Ophthalmol 109(12):1673-1678, 1991. doi: 10.1001/archopht.1991.01080120057025

Diagnostic de la névrite optique

  • Bilan clinique

  • Imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM)

La névrite optique est suspectée en cas de douleurs et de perte de vision caractéristiques, en particulier si le sujet est jeune. La neuro-imagerie, de préférence par une IRM du cerveau et des orbites avec injection de gadolinium, est recommandée et montre habituellement une prise de contraste du nerf optique (1). L'IRM peut également permettre de diagnostiquer la sclérose en plaques, la maladie avec auto-anticorps anti-MOG (myelin oligodendrocyte glycoprotein, MOG-IgG disease [MOGAD]) et la neuromyélite optique (NMO). Il y a habituellement une prise de contraste plus importante du ou des nerfs optiques dans la neuromyélite optique (NMO) et la myelin oligodendrocyte glycoprotein antibody–associated disease (MOGAD). Les séquences IRM FLAIR (fluid attenuating inversion recovery) peuvent montrer des lésions démyélinisantes caractéristiques périventriculaires si la neuropathie optique a un rapport avec la sclérose en plaques. L'atteinte de la moelle épinière peut être observée dans n'importe laquelle des maladies démyélinisantes, mais elle est habituellement plus étendue dans la neuromyélite optique (NMO) et la myelin oligodendrocyte glycoprotein antibody–associated disease (MOGAD). Les patients qui ont des anticorps de la neuromyélite optique (NMO) et MOG (myelin oligodendrocyte glycoprotein) dans le sérum doivent être examinés à la recherche d'une névrite optique atypique ou grave, qui doit être fortement envisagée chez tout patient présentant une névrite optique, sauf en cas de sclérose en plaques classique.

Pièges à éviter

  • Effectuer une IRM avec injection de gadolinium chez les patients jeunes qui ont des douleurs lors des mouvements oculaires et une perte de vision (p. ex., diminution de l'acuité visuelle ou de la vision des couleurs, anomalies du champ visuel) ou anomalies pupillaires afférentes.

  • Effectuer une imagerie de la moelle épinière chez les patients présentant des symptômes neurologiques évocateurs d'une atteinte de la moelle épinière, qui peut être observée dans la sclérose en plaques, la neuromyélite optique (NMO) ou la myelin oligodendrocyte glycoprotein antibody–associated disease (MOGAD).

Référence pour le diagnostic

  1. 1. NANOS Practice Support Committee: North American Neuro-Ophthalmology Society (NANOS) Statement on the Justification for MRI Orbits With and Without Contrast in Addition to MRI Brain With and Without Contrast in Optic Neuritis. 2021 edition. Consulté le 10 mai 2024.

Traitement de la névrite optique

  • Corticostéroïdes

Les corticostéroïdes sont une possibilité, en particulier en cas de suspicion de sclérose en plaques ou de neuromyélite optique (NMO). Le traitement par la méthylprednisolone (1000 mg IV 1 fois/jour) ou la dose bioéquivalente de prednisone orale (1250 mg 1 fois/jour; [1]) pendant 3 jours, suivi par de la prednisone (1 mg/kg par voie orale 1 fois/jour) pendant 11 jours, peut accélérer la guérison, mais le résultat visuel final est le même chez les patients simplement surveillés qui ont une sclérose en plaques ou une névrite optique idiopathique. Les corticostéroïdes précoces à forte dose peuvent améliorer les résultats dans les causes atypiques de névrite optique, telles que la neuromyélite optique (NMO) ou la MOGAD (myelin oligodendrocyte glycoprotein (MOG) antibody-associated disease; [2]). Les échanges plasmatiques sont souvent utilisés lors des attaques de la neuromyélite optique (NMO) et sont parfois utilisés dans les névrites optiques sévères d'autres causes si la névrite optique ne se rétablit pas avec des corticostéroïdes à forte dose (3). Le traitement par uniquement de la prednisone orale à faible dose n'améliore pas le pronostic visuel et pourrait augmenter les épisodes de récidives (4).

Des aides basse vision (p. ex., loupes, textes imprimés en gros caractères, montres parlantes) peuvent être utiles. Des traitements modificateurs de la sclérose en plaques doivent être administrés aux patients atteints de sclérose en plaques et des traitements spécifiques de la neuromyélite optique (NMO)doivent être utilisés chez les patients atteints de neuromyélite optique. Les patients atteints de MOGAD qui ont une maladie récurrente peuvent avoir besoin d'une immunothérapie chronique. Il est important de noter que les patients atteints de neuromyélite optique (NMO) et de MOGAD (myelin oligodendrocyte glycoprotein, MOG-IgG disease [MOGAD]) ne doivent pas recevoir certains agents modificateurs de la sclérose en plaques, qui peuvent être inefficaces ou même aggraver le pronostic.

Références pour le traitement

  1. 1. Morrow SA, Fraser JA, Day C, et al: Effect of treating acute optic neuritis with bioequivalent oral vs intravenous corticosteroids: A randomized clinical trial. JAMA Neurol 75(6): 690-696, 2018. doi: 10.1001/jamaneurol.2018.0024

  2. 2. Chen JJ, Pittock SJ, Flanagan EP, et al: Optic neuritis in the era of biomarkers. Surv Ophthalmol 65(1):12-17, 2020. doi: 10.1016/j.survophthal.2019.08.001

  3. 3. Chen JJ, Flanagan EP, Pittock SJ, et al: Visual outcomes following plasma exchange for optic neuritis: An international multicenter retrospective analysis of 395 optic neuritis attacks. Am J Ophthalmol 252:213-224, 2023. doi: 10.1016/j.ajo.2023.02.013

  4. 4. Beck RW, Cleary PA, Anderson MM, et al. A randomized, controlled trial of corticosteroids in the treatment of acute optic neuritis. N Engl J Med 326(9):581-588, 1992. doi: 10.1056/NEJM19920227326090

Pronostic de la névrite optique

Le pronostic dépend de la cause sous-jacente. La plupart des épisodes de névrite optique typique s'améliorent spontanément avec une récupération visuelle importante en 2 à 3 mois. Le taux de récidive chez les patients atteints de névrite optique est variable et dépend de l'étiologie. Les patients qui ont une maladie sous-jacente, telle qu'une neuromyélite optique (NMO) ou une (myelin oligodendrocyte glycoprotein, MOG-IgG disease [MOGAD]), ont des taux de récidive plus élevés au niveau du même œil ou de l'autre œil, et la récupération de la vision peut être moins bonne, en particulier dans le cas de la neuromyélite optique (1). L'IRM est utilisée afin de déterminer le risque de maladie démyélinisante, en particulier la sclérose en plaques (2).

Références pour le pronostic

  1. 1. Beck RW, Cleary PA, Backlund JYC, Optic Neuritis Study Group: The course of visual recovery after optic neuritis: Experience of the optic neuritis treatment trial. Ophthalmology 127(4S):S174-S181, 2020. doi: 10.1016/j.ophtha.2020.01.027

  2. 2. Optic Neuritis Study Group: Multiple sclerosis risk after optic neuritis: Final optic neuritis treatment trial follow-up. Arch Neurol 65(6):727-732, 2008. doi: 10.1001/archneur.65.6.727

Points clés

  • La névrite optique est la neuropathie optique la plus fréquente chez les patients de moins de 50 ans

  • Les causes les plus fréquentes sont les maladies démyélinisantes, en particulier la sclérose en plaques, la neuromyélite optique et la MOGAD (myelin oligodendrocyte glycoprotein [MOG] antibody-associated disease), mais les infections, les médicaments, les drogues et les toxines sont d'autres causes possibles.

  • Les signes comprennent une douleur avec un mouvement des yeux, des troubles visuels (en particulier une perte disproportionnée de la vision des couleurs) et un défaut pupillaire afférent.

  • IRM rehaussée au gadolinium du cerveau et de la moelle Effectuer une IRM de la moelle épinière si une sclérose en plaques ou une autre maladie démyélinisante est suspectée.

  • Des corticostéroïdes et d'autres traitements peuvent être administrés, en particulier si une maladie démyélinisante est suspectée. Les échanges plasmatiques sont souvent administrés en cas d'attaque de neuromyélite optique (NMO) ou d'attaques sévères qui ne répondent pas aux corticostéroïdes à forte dose.

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