Rhinite allergique

ParJames Fernandez, MD, PhD, Cleveland Clinic Lerner College of Medicine at Case Western Reserve University
Vérifié/Révisé août 2024
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La rhinite allergique se manifeste par un prurit, des éternuements, une rhinorrhée, une congestion nasale, saisonnières ou permanentes, et parfois une conjonctivite, provoqués par l'exposition à des pollens ou à d'autres allergènes. Le diagnostic repose sur l'anamnèse et parfois sur les tests cutanés. Le traitement de première ligne est par les corticostéroïdes par voie nasale (avec ou sans un antihistaminique par voie orale ou nasale) ou par un antihistaminique par voie orale plus un décongestionnant oral.

(Voir aussi Revue générale des troubles allergiques et atopiques.)

La rhinite allergique peut survenir de manière saisonnière ou tout au long de l'année (sous forme de rhinite persistante). La rhinite saisonnière est généralement allergique. Au moins 25% des rhinites persistantes ne sont pas allergiques.

La rhinite allergique saisonnière (rhume des foins) est le plus souvent causée par des allergènes de la plante, qui varient selon la saison et la géographie. Les allergènes végétaux courants comprennent les suivants

  • Au printemps: les pollens d'arbre (p. ex., chêne, orme, érable, aulne, bouleau, genévrier, olivier)

  • En été: pollens d'herbe (p. ex., cynodon, fléole, chiendent, dactyle, Johnson) et les pollens d'herbacées en été (p. ex., Chardon de Russie, plantain anglais)

  • En automne: autres pollens d'herbes (p. ex., ambroisie)

Les causes diffèrent aussi selon les régions et la rhinite allergique est parfois due à des spores mycosiques aéroportées.

La rhinite persistante est consécutive à une exposition tout au long de l'année à des allergènes inhalés à la maison (p. ex., les fèces acariens de la poussière, des composants de blattes, fragments de poils ou de plumes d'animaux) ou à une forte réactivité aux pollens de plante durant plusieurs saisons.

Rhinite allergique et asthme coexistent souvent; on ignore encore si la rhinite et l'asthme résultent du même processus allergique (hypothèse d'une seule voie respiratoire) ou si la rhinite est un déclencheur discret de l'asthme.

Les nombreuses formes de rhinites persistantes non allergiques comprennent la rhinite infectieuse, vasomotrice, induite par les médicaments (p. ex., induite par les AINS ou l'aspirine) et la rhinite atrophique et la rhinite non allergique avec éosinophilie.

Symptomatologie de la rhinite allergique

Le patient présente un prurit (au niveau du nez, des yeux ou de la bouche), des éternuements, une rhinorrhée et une obstruction nasale ou sinusienne. L'obstruction des sinus peut entraîner des céphalées frontales; la sinusite virale ou bactérienne est une complication fréquente de la rhinite allergique. La toux et un wheezing peuvent également survenir, en particulier s'il existe également un asthme.

La caractéristique au premier plan de la rhinite persistante est l'obstruction nasale chronique, qui, chez l'enfant, peut induire une otite moyenne chronique; les symptômes varient en sévérité au cours de l'année. Le prurit est moins important que dans la rhinite saisonnière. Une sinusite chronique et des polypes nasaux peuvent se développer.

Les symptômes comprennent un œdème des cornets, et, dans certains cas de rhinites allergiques saisonnières, un érythème conjonctival et un œdème palpébral.

En cas de conjonctivite allergique, les symptômes comprennent un prurit oculaire bilatéral léger à sévère, une hyperhémie conjonctivale, une photosensibilité, un œdème des paupières et un écoulement aqueux ou filamenteux.

Diagnostic de la rhinite allergique

  • L'anamnèse et l'examen clinique

  • Parfois tests cutanés et/ou tests IgE spécifiques d'allergènes

La rhinite allergique peut souvent être diagnostiquée par le seul interrogatoire. Les tests diagnostiques ne sont pas systématiquement nécessaires, sauf si l'état des patients ne s'améliore pas lorsqu'ils sont traités de façon empirique; chez ces patients les tests cutanés sont pratiqués pour révéler une réaction aux pollens (rhinite saisonnière) ou aux féces des acariens de la poussière, aux blattes, aux fragments de poils et de plumes d'animaux, aux moisissures ou à d'autres antigènes (rhinite persistante) et peuvent être utilisés pour décider d'un autre traitement.

Parfois, les tests cutanés donnent des résultats équivoques, ou bien les tests ne peuvent être pratiqués (p. ex., parce que les patients prennent des médicaments qui perturbent les résultats et ne peuvent être arrêtés en toute sécurité); dans ce cas, un test d'IgE spécifiques dans le sérum est pratiqué.

Un frottis nasal pour détecter les éosinophiles peut être effectué afin de confirmer la rhinite allergique. Bien que le test soit rarement effectué, il peut être une alternative utile aux piqûres chez les enfants ou être utilisé comme un outil supplémentaire d'évaluation de la rhinite. La sensibilité et la spécificité du test n'est pas claire (1). Une éosinophilie détectée sur un frottis de prélèvement nasal avec des tests cutanés négatifs évoque une sensibilité à l'aspirine ou une rhinite non allergique avec éosinophilie.

Le diagnostic de rhinite non allergique pérenne est généralement aussi basé sur l'anamnèse. L'absence de réponse clinique au traitement d'une rhinite allergique supposée et des résultats négatifs aux tests cutanés et/ou aux test des IgE sériques spécifiques de l'allergène suggèrent également une cause non allergique; les troubles à évoquer comprennent les tumeurs nasales, des végétations adénoïdes augmentées de volume, des cornets nasaux hypertrophiques, une granulomatose avec polyangéïte et une sarcoïdose.

Référence pour le diagnostic

  1. 1. Pal I, Babu AS, Halder I, Kumar S: Nasal smear eosinophils and allergic rhinitis. Ear Nose Throat 96 (10-11):E17–E22, 2017. doi: 10.1177/0145561317096010-1105

Traitement de la rhinite allergique

  • Antihistaminiques

  • Décongestionnants

  • Corticostéroïdes par voie nasale

  • En cas de rhinite saisonnière sévère ou réfractaire, parfois désensibilisation

Le traitement des rhinites allergiques saisonnières et persistantes est généralement le même, bien que les tentatives visant à supprimer ou à éviter les allergènes (p. ex., en éliminant acariens de la poussière et cafards) soient recommandées dans les cas de rhinites pérennes. Pour la rhinite sévère réfractaire ou saisonnière, l'immunothérapie de désensibilisation peut être utile.

Les traitements médicamenteux de première intention les plus efficaces sont les suivants

  • Les corticostéroïdes intranasaux avec ou sans antihistaminiques oraux ou intranasaux

  • Antihistaminiques oraux plus décongestionnants oraux (p. ex., un sympathomimétique tel que la pseudoéphédrine)

Les pulvérisations intranasales décongestionnantes (p. ex., oxymétazoline, phényléphrine) sont utilisées pour le soulagement à court terme de la congestion nasale. Habituellement, elles ne sont pas recommandées pendant plus de 3 jours consécutifs, car une congestion nasale peut se produire.

Des alternatives moins efficaces comprennent les stabilisateurs des mastocytes intranasale (p. ex., cromolyne), l'azélastine anti-H1 intranasale et l'ipratropium intranasal qui soulage la rhinorrhée.

Une association d'azélastine/fluticasone (137 mcg/50 mcg) est disponible.

Les médicaments par voie intranasale sont souvent préférés aux médicaments oraux parce qu'une moindre quantité de médicament est absorbée par voie systémique.

Le sérum physiologique intranasal, souvent oublié, aide à mobiliser les sécrétions nasales épaisses et hydrate les muqueuses nasales; différents kits de solutions salines et dispositifs d'irrigation (p. ex., des flacons à presser, des poires effilées) sont disponibles en vente libre, ou bien les patients peuvent développer leurs propres solutions.

Le montélukast, un inhibiteur des leucotriènes, soulage les symptômes de la rhinite allergique mais, en raison du risque d'effets indésirables psychiatriques (p. ex., hallucination, trouble obsessionnel-compulsif, pensées et comportements suicidaires), le montélukast ne doit être utilisé que lorsque les autres traitements ne sont pas efficaces ou non toléré.

L'omalizumab, un anticorps anti-IgE a été utilisé pour traiter la rhinite allergique mais a probablement un rôle limité car des alternatives moins coûteuses et efficaces sont disponibles.

Prévention de la rhinite allergique

  • Éviter les déclencheurs

  • Parfois, désensibilisation

Éviter les déclencheurs

En cas d'allergies pérennes, les déclencheurs doivent être supprimés ou évités si possible. Les stratégies comprennent:

  • Eliminer les objets qui accumulent la poussière, comme les bibelots, les revues, les livres et les peluches

  • L'utilisation d'oreillers en fibres synthétiques et de protège-matelas imperméables

  • Le lavage fréquent des draps du lit, des taies d'oreillers et des couvertures dans de l'eau chaude

  • Le nettoyage fréquent de la maison, comprenant le dépoussiérage, le passage de l'aspirateur et de la serpillière humide

  • Enlever les meubles rembourrés et les tapis ou les aspirer fréquemment

  • Remplacer les rideaux par des stores

  • L'extermination des cafards pour éliminer l'exposition

  • L'utilisation de déshumidificateurs dans les sous-sols et autres pièces mal aérées et humides

  • L'utilisation d'aspirateurs et de filtres à particules à haute efficacité

  • L'évitement des aliments ou des médicaments responsables

  • L'accès limité des animaux de compagnie à certaines pièces ou leur maintien à l'extérieur

  • En cas d'allergies saisonnières sévères, éventuellement déplacement vers une région qui ne contient pas l'allergène

Les déclencheurs complémentaires non allergéniques (p. ex., la fumée de cigarette, les odeurs fortes, les fumées irritantes, la pollution de l'air, les températures froides, l'humidité élevée) doivent également être évitées ou contrôlées lorsque cela est possible.

Désensibilisation

L'immunothérapie de désensibilisation peut être plus efficace dans la rhinite allergique saisonnière que dans la forme perannuelle; elle est indiquée lorsque

  • Les symptômes sont graves.

  • L'allergène ne peut être évité.

  • Le traitement médicamenteux est insuffisant.

Les premières tentatives de désensibilisation doivent commencer peu de temps après la fin de la saison pollinique pour préparer à la saison suivante; les effets indésirables augmentent quand une désensibilisation est commencée au début de la saison, car l'immunité allergique de la personne est déjà stimulée au maximum.

L'immunothérapie sublinguale utilisant des comprimés sublinguaux de pollen de 5 graminées peut être utilisée pour traiter la rhinite allergique induite par le pollen de graminées. Une alternative est un comprimé sublingual d'extrait de fléole des prés.

La première dose est administrée dans un établissement de soins. Les patients doivent être surveillés pendant 30 minutes après l'administration car une anaphylaxie peut survenir. Si la première dose est tolérée, les patients peuvent prendre d'autres doses à leur domicile. Le traitement est initié 4 mois avant le début de chaque saison des pollens de graminées et est maintenu pendant toute la saison.

L'immunothérapie sublinguale utilisant des extraits d'allergène d'ambroisie ou d'acariens peut être utilisée pour traiter la rhinite allergique induite par ces allergènes.

Les patients qui reçoivent une immunothérapie à domicile pour une rhinite allergique doivent posséder une seringue d'adrénaline auto-injectable préremplie à utiliser en cas de réaction anaphylactique.

Points clés

  • La rhinite saisonnière est habituellement une réaction allergique aux pollens; la rhinite allergique pérenne est causée par une exposition durant toute l'année à des allergènes inhalés en intérieur ou par une forte réactivité aux pollens végétaux au cours des saisons.

  • Les patients atteints de rhinite allergique peuvent présenter une toux, un wheezing, des céphalées frontales, une sinusite ou, en particulier chez l'enfant atteint de rhinite persistante, une otite moyenne.

  • Le diagnostic de rhinite allergique est généralement basé sur l'anamnèse; les tests cutanés et parfois un test des allergènes IgE sériques spécifiques sont nécessaires, mais seulement lorsque les patients ne répondent pas au traitement empirique.

  • Essayer les corticostéroïdes par voie intranasale d'abord parce qu'ils représentent le traitement le plus efficace et qu'ils ont peu d'effets systémiques.

  • D'autres traitements comprennent les antihistaminiques oraux et intranasaux et les décongestionnants; les stabilisateurs intranasaux des mastocytes sont moins efficaces.

  • La désensibilisation par immunothérapie sublinguale est indiquée lorsque les symptômes sont sévères, que les allergènes ne peuvent être évités ou que le traitement médicamenteux est inapproprié.

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