Immunodiagnostic tumoral

ParRobert Peter Gale, MD, PhD, DSC(hc), Imperial College London
Vérifié/Révisé juil. 2024
Voir l’éducation des patients

    Les antigènes associés aux tumeurs peuvent faciliter le diagnostic de nombreuses tumeurs et parfois déterminer la réponse au traitement ou mettre en évidence une récidive (1). Un marqueur tumoral idéal devrait

    • Être libéré uniquement par le tissu tumoral

    • Être spécifique d'un type de tumeur donné

    • Être détectable à de faibles niveaux de charge cellulaire tumorale

    • Avoir une relation directe avec la charge cellulaire tumorale

    • Être présent chez tous les patients qui ont une tumeur

    Bien que la majorité des tumeurs sécrètent des macromolécules antigéniques décelables dans le sang, aucun marqueur tumoral n'a toutes les caractéristiques requises pour être utilisé dans un diagnostic précoce ou un programme de dépistage avec une spécificité ou sensibilité suffisante.

    L'antigène carcino-embryonnaire (ACE) est un complexe protéine-polysaccharide présent dans les cancers du côlon et de l'intestin, le pancréas et le foie du fœtus normal. Les taux sanguins d'ACE sont élevés en cas de cancer du côlon, mais la spécificité de ce test est relativement faible, car des résultats positifs sont également obtenus chez les fumeurs qui ont des antécédents de tabagisme ≥ 20 paquets-années de cigarettes, chez les patients souffrant de cirrhose, de rectocolite ulcéro-hémorragique ou d'un autre type de cancer (p. ex., du sein, du pancréas, de la vessie, de l'ovaire et du col de l'utérus). La surveillance du taux d'ACE peut être utile pour déterminer une récidive du cancer après exérèse d'une tumeur si le patient avait à l'origine un taux élevé d'ACE et pour affiner la classification par stade pronostique.

    L'alpha-fœtoprotéine, une protéine normale produite par les cellules hépatiques du fœtus, est également présente dans le sérum des patients atteints de carcinome hépatocellulaire primitif, de tumeurs germinales non séminomateuses et, fréquemment, dans le cancer embryonnaire testiculaire ou ovarien. Les niveaux sont parfois utiles pour estimer le pronostic ou, moins souvent, pour le diagnostic.

    La sous-unité bêta de la gonadotrophine chorionique humaine (bêta-hCG), mesurée par dosage immuno-enzymatique, est le marqueur clinique majeur en cas de néoplasie trophoblastique gestationnelle, un spectre de maladie qui comprend la môle hydatiforme, la néoplasie trophoblastique gestationnelle non métastatique et métastatique, et chez environ 2/3 des hommes atteints de cancer embryonnaire du testicule ou de choriocarcinome. La sous-unité bêta est dosée car elle est spécifique de l'hCG. Ce marqueur est présent à faible niveau chez les sujets en bonne santé. Les taux sont élevés pendant la grossesse.

    L'antigène spécifique de la prostate (PSA, Prostate-Specific Antigen), une glycoprotéine localisée dans les cellules épithéliales des canaux de la glande prostatique, peut être détecté à faible concentration dans le sérum des hommes sains. Sur la base d’une limite supérieure des valeurs normales adéquate, les tests utilisant des anticorps monoclonaux relèvent des concentrations plasmatiques de PSA élevées chez près de 90% des patients atteints d’un cancer avancé de la prostate, même en l’absence de tumeur métastatique certaine. Il est plus sensible que la phosphatase acide prostatique. Cependant, le PSA étant élevé dans des conditions autres (p. ex., hyperplasie bénigne de la prostate, prostatite, instrumentation récente des voies génito-urinaire), il est moins spécifique. Le PSA peut être utilisé pour suivre une éventuelle récidive après diagnostic et traitement du cancer de la prostate.

    Le CA 125 est cliniquement efficace pour le diagnostic et le suivi du traitement du cancer de l'ovaire, bien que tout processus inflammatoire péritonéal et certains autres cancers puissent en augmenter les niveaux.

    La bêta2-microglobuline est souvent élevée dans le myélome multiple et dans certains lymphomes. Son utilisation principale est dans le pronostic.

    Le CA 19-9 a été initialement identifié pour détecter le cancer colorectal, mais il s'est avéré plus sensible pour le cancer du pancréas. Il est principalement utilisé pour apprécier la réponse au traitement en cas de cancer avancé du pancréas. Le CA 19-9 peut également être élevé dans d'autres cancers digestifs, en particulier dans le cancer des voies biliaires et certains troubles bénins et cholestatiques des voies biliaires.

    Les CA 15-3 et CA 27-29 sont élevés chez la plupart des patientes qui présentent un cancer métastatique du sein. Les taux peuvent également être élevés dans d'autres pathologies. Ce marqueur est principalement utilisé pour surveiller la réponse au traitement.

    La chromogranine A est utilisée comme marqueur des tumeurs carcinoïdes et d'autres tumeurs neuroendocriniennes. La sensibilité et la spécificité pour les tumeurs neuroendocrines peuvent dépasser 75% et la précision diagnostique est plus élevée en cas de tumeurs diffuses qu'en cas de tumeurs localisées (2). Les taux peuvent être élevés dans d'autres cancers, tels que celui du poumon et de la prostate, et certains troubles bénins (p. ex., HTA primitive, maladie rénale chronique, gastrite atrophique chronique).

    La thyroglobuline est produite par la thyroïde et peut être élevée dans plusieurs maladies de la thyroïde. Elle est principalement utilisée comme marqueur après thyroïdectomie totale pour détecter une récidive de cancer thyroïdien et pour suivre la réponse au traitement dans les carcinomes thyroïdiens métastasés.

    La TA-90 est une sous-unité hautement immunogène d’un antigène associé à une tumeur urinaire qui est présente dans plus de 70% des mélanomes (3), des sarcomes des tissus mous et des cancers du sein, du côlon et du poumon. Certaines études ont montré que les taux de TA-90 peuvent prévoir avec une certaine précision les chances de survie et la présence d'une maladie infraclinique après chirurgie pour mélanome (4).

    Références

    1. 1.Passaro A, Al Bakir M, Hamilton EG, et al: Cancer biomarkers: Emerging trends and clinical implications for personalized treatment. Cell 187(7):1617–1635, 2024. doi:10.1016/j.cell.2024.02.041

    2. 2. Kanakis G, Kaltsas G: Biochemical markers for gastroenteropancreatic neuroendocrine tumours (GEP-NETs). Best Pract Res Clin Gastroenterol 26(6):791–802, 2012. doi:10.1016/j.bpg.2012.12.006

    3. 3. Kelley MC, Jones RC, Gupta RK, et al: Tumor-associated antigen TA-90 immune complex assay predicts subclinical metastasis and survival for patients with early stage melanoma. Cancer 83(7):1355–1361, 1998. doi:10.1002/(sici)1097-0142(19981001)83:7<1355::aid-cncr12>3.0.co;2-3

    4. 4. Kelley MC, Gupta RK, Hsueh EC, Yee R, Stern S, Morton DL: Tumor-associated antigen TA90 immune complex assay predicts recurrence and survival after surgical treatment of stage I-III melanoma. J Clin Oncol 19(4):1176–1182, 2001. doi:10.1200/JCO.2001.19.4.1176

    quizzes_lightbulb_red
    TESTEZ VOS CONNAISSANCESTake a Quiz!
    Téléchargez l’application Manuel MSD. ANDROID iOS
    Téléchargez l’application Manuel MSD. ANDROID iOS
    Téléchargez l’application Manuel MSD. ANDROID iOS