Drépanocytose

(Hémoglobinose Hb S)

ParGloria F. Gerber, MD, Johns Hopkins School of Medicine, Division of Hematology
Vérifié/Révisé avr. 2024
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La drépanocytose (une hémoglobinopathie) entraîne une anémie hémolytique chronique survenant souvent chez les sujets d'ascendance africaine. La drépanocytose est due à la transmission homozygote des gènes de l'hémoglobine (Hb) S ou de l'Hb S bêta 0 thalassémie. La drépanocytose comprend les personnes qui ont une drépanocytose ainsi que les personnes qui ont une maladie HbSC, une maladie HbS beta + une thalassémie et d'autres variantes rares de la drépanocytose. Les globules rouges en forme de drépanocyte provoquent une vaso-occlusion et sont sujets à l'hémolyse, entraînant des crises douloureuses sévères, une ischémie d'organe et d'autres complications systémiques. Des aggravations aiguës (crises) peuvent survenir fréquemment. Une infection, une aplasie médullaire ou une atteinte pulmonaire (syndrome thoracique aigu) peuvent se développer brutalement et être fatales. L'anémie est présente et les cellules falciformes sont généralement évidentes sur le frottis périphérique. Le diagnostic repose sur l'électrophorèse de l'hémoglobine. Les crises douloureuses sont traitées au moyen d'antalgiques et par d'autres mesures de support. Les transfusions sont parfois nécessaires. Les vaccins contre les infections bactériennes, les antibioprophylaxies et un traitement agressif des infections prolongent la survie. L'hydroxyurée peut diminuer la fréquence des crises et le syndrome thoracique aigu.

Les hémoglobinopathies sont des troubles génétiques affectant la molécule d'hémoglobine. L'hémoglobine S a été la première hémoglobine anormale à être identifiée. Les patients homozygotes pour l'HbS (environ 0,3% des sujets d'ascendance africaine aux États-Unis) ont une drépanocytose; les hétérozygotes, appelés porteur du trait drépanocytaire (environ 8% des sujets d'ascendance africaine aux États-Unis), ne sont pas anémiques mais ont un risque d'autres complications (1).

Référence générale

  1. 1. Centers for Disease Control and Prevention: Sickle cell disease (SCD): Data and statistics on sickle cell disease. Revu le 6/07/2023.

Physiopathologie de la drépanocytose

Les molécules d'hémoglobine (Hb) consistent en des chaînes polypeptidiques dont la structure chimique est génétiquement contrôlée. La molécule d'hémoglobine normale de l'adulte (Hb A) est formée de 2 paires de chaînes appelées alpha et bêta. Le sang adulte normal contient également 2,5% d'Hb A2 (composée de chaînes alpha et delta) et < 1,4% d'hémoglobine F (hémoglobine fœtale), qui a des chaînes gamma à la place des chaînes bêta (voir aussi Hémoglobinopathies au cours de la grossesse). L'hémoglobine F prédomine pendant la vie intra-utérine et diminue progressivement, en particulier pendant les premiers mois de vie; sa concentration augmente dans certains troubles de la synthèse de l'hémoglobine et dans l'aplasie médullaire, dans d'autres troubles d'insuffisance médullaire et les néoplasies myéloprolifératives.

Certaines hémoglobinopathies entraînent des anémies graves chez les homozygotes mais modérées chez les hétérozygotes. Certains patients sont des hétérozygotes pour 2 hémoglobinopathies différentes et présentent une anémie de sévérité variable.

Les différentes hémoglobines distinguées par leur mobilité électrophorétique, sont désignées alphabétiquement par ordre de découverte (p. ex., A, B, C), bien que la première hémoglobine anormale, l'hémoglobine de la cellule drépanocyte, ait été désignée Hb S. Pour les hémoglobine qui ont la même mobilité électrophorétique mais sont de structure différente, on ajoute le nom de la ville ou du lieu de leur découverte (p. ex., Hb S Memphis, Hb C Harlem). La description standard d'une composition de l'hémoglobine d'un patient donne en première position l'hémoglobine à la plus forte concentration (p. ex., AS dans la drépanocytose).

Aux États-Unis, des anémies fréquentes comprennent celles causées par des mutations génétiques entraînant une Hb S ou une Hb C et les thalassémies. La maladie Hb E est fréquente chez les sujets d'origine sud-asiatique.

Dans l'hémoglobine de type HbS, une valine remplace l'acide glutamique au niveau du 6e acide aminé de la chaîne bêta. L'hémoglobine S désoxygénée est beaucoup moins soluble que l'hémoglobine A oxygénée; elle se polymérise et forme un gel semi-solide qui provoque une déformation en forme de faucille des globules rouges au niveau des sites à basse PO2 (pression partielle d'O2). Les globules rouges déformés et rigides adhèrent à l'endothélium vasculaire, provoquent une inflammation et une vasoconstriction et obstruent les petites artérioles et les capillaires, ce qui entraîne un infarctus à la fois de la microvascularisation et des gros vaisseaux (p. ex., provoquant un accident vasculaire cérébral). La vaso-occlusion provoque également des lésions endothéliales, ce qui entraîne une inflammation et peut conduire à des thromboses. Comme les drépanocytes sont fragiles, les contraintes mécaniques circulatoires déclenchent une hémolyse (voir Revue générale des anémies hémolytiques). L'hyperactivité médullaire chronique compensatrice et les lésions ischémiques déforment les os.

Aggravations aiguës

Des poussées aiguës (crises) surviennent par intermittence, souvent pour une raison inconnue. Dans certains cas, la crise semble être déclenchée par

  • Fièvre

  • Infection virale

  • Traumatisme local

La crise vaso-occlusive est la plus fréquente; elle est provoquée par une hypoxie tissulaire et aboutit à une ischémie et à un infarctus tissulaire, typiquement de l'os, mais aussi de la rate, du poumon, ou du rein.

Les crises aplasiques apparaissent lorsque l'érythropoïèse médullaire diminue au cours d'infections aiguës par le parvovirus humain pendant lesquelles une érythroblastopénie sévère peut apparaître.

Le syndrome thoracique aigu résulte d'un embole microvasculaire et est une cause fréquente de mort, avec une mortalité pouvant atteindre 10%. Il est observé dans toutes les classes d'âge, mais plus fréquemment dans l'enfance. La répétition des épisodes ainsi que d'autres facteurs prédispose à l'hypertension artérielle pulmonaire chronique.

La crise de séquestration survient généralement chez l'enfant, dont la rate n'est pas encore devenue fibreuse du fait d'infarctus spléniques répétés. Une séquestration aiguë de drépanocytes dans la rate peut se produire, aggravant l'anémie.

La séquestration hépatique peut survenir chez l'enfant ou l'adulte, qui provoque une douleur de l'hypochondre droit. Une hypertrophie d'évolution rapide du foie peut survenir et s'accompagner d'une cholestase intrahépatique et d'une insuffisance rénale.

Le priapisme, une complication sérieuse qui peut entraîner des troubles de l'érection, est fréquent chez l'homme jeune.

Complications

Une lésion splénique chronique peut aboutir à un auto-infarctus et augmente la susceptibilité aux infections, en particulier aux infections pneumococciques et à Salmonella (dont l'ostéomyélite à Salmonella). Ces infections sont particulièrement fréquentes pendant la petite enfance et peuvent être mortelles.

L'ischémie récurrente et l'infarctus peuvent causer un dysfonctionnement chronique de plusieurs systèmes d'organes différents. Les complications comprennent des accidents vasculaires cérébraux ischémiques, le moyamoya, des convulsions, des nécroses avasculaires, des troubles de concentration urinaire rénale, une nécrose papillaire rénale, une maladie rénale chronique, une insuffisance cardiaque et une hypertension pulmonaire, une fibrose pulmonaire et une rétinopathie.

Hétérozygotes

Les hétérozygotes (Hb AS) ne font pas d'hémolyse ou de crises douloureuses. Cependant, ils ont un risque accru de maladie rénale chronique et d'embolie pulmonaire (1). En outre, une rhabdomyolyse peuvent survenir pendant un exercice physique intense et prolongé. La diminution de la capacité de concentration des urines (hyposthénurie) est fréquente. Une hématurie unilatérale (de mécanisme inconnu et habituellement du rein gauche) peut survenir, mais est spontanément résolutive. Des nécroses papillaires rénales caractéristiques peuvent apparaître, mais sont plus fréquentes chez les homozygotes et il existe une association avec l'extrêmement rare carcinome médullaire du rein.

Référence pour la physiopathologie

  1. 1. Naik RP, Smith-Whitley K, Hassell KL, et al. Clinical Outcomes Associated With Sickle Cell Trait: A Systematic Review. Ann Intern Med 2018;169(9):619-627. doi:10.7326/M18-1161

Symptomatologie de la drépanocytose

La plupart des symptômes ne surviennent que chez les homozygotes et sont dus à

  • Anémie

  • Aux événements vaso-occlusifs entraînant une ischémie tissulaire et un infarctus

L'anémie peut être sévère mais varie selon les patients et ls génotypes et elle est généralement compensée; un léger ictère et une pâleur sont fréquents.

L'hépatosplénomégalie est fréquente chez l'enfant, mais du fait des infarctus spléniques répétés suivis de fibrose (splénectomie naturelle), la rate est généralement atrophiée chez l'adulte. La cardiomégalie et un souffle aortique (flux) fonctionnel sont fréquents. Une lithiase biliaire et des ulcérations cutanées chroniques périmalléolaires peuvent se produire.

La crise hyperalgique vaso-occlusives déclenche une douleur intense au niveau des os longs, des mains et des pieds, du dos et des articulations.

Le syndrome thoracique aigu est caractérisé par l'apparition soudaine de fièvre, des douleurs thoraciques et d'infiltrats pulmonaires à la rx. Il peut faire suite à une pneumopathie bactérienne. Une hypoxémie peut se développer rapidement, provoquant une dyspnée.

Diagnostic de la drépanocytose

  • Tests ADN (diagnostic prénatal)

  • Frottis de sang périphérique

  • Tests de solubilité

  • Électrophorèse de l'hémoglobine (ou focalisation en couche mince isoélectrique)

Le type de tests effectués dépend de l'âge du patient. La recherche de la mutation au niveau de l'ADN peut être utilisée pour le diagnostic prénatal ou pour confirmer le génotype de l'anémie falciforme. Le dépistage des nouveau-nés est effectué par l'électrophorèse de l'hémoglobine. Le dépistage et le diagnostic chez l'enfant et les adultes nécessitent l'examen du frottis périphérique, des tests de solubilité de l'hémoglobine et une électrophorèse de l'Hb.

Dépistage prénatal

La PCR (polymérase chain reaction) est sensible lorsqu'elle est utilisée en diagnostic prénatal. Il est recommandé pour les familles à risque de la drépanocytose (p. ex., couples ayant des antécédents médicaux ou familiaux d'anémie ou d'origine ethnique évocatrice). Les prélèvements d'ADN peuvent être obtenus par prélèvement de villosités choriales de la 10e à la 12e semaine de grossesse. Le liquide amniotique peut également être testé entre 14 et 16 semaines. Le diagnostic est important pour le conseil génétique.

Dépistage chez le nouveau-né

Un test universel est recommandé. Les tests de dépistage de la drépanocytose font souvent partie d'une batterie de tests de dépistage chez le nouveau-né. Pour distinguer les hémoglobines (Hb) F, S, A et C, les tests recommandés sont l'électrophorèse de l'hémoglobine utilisant l'acétate de cellulose ou de la gélose citratée acide, la focalisation isoélectrique en couche mince ou le fractionnement de l'hémoglobine par chromatographie liquide haute performance (HPLC). Les tests doivent être répétés à l'âge de 3 à 6 mois pour confirmation. Les tests de solubilité de l'hémoglobine S sont peu fiables pendant les premiers mois de la vie.

Dépistage et diagnostic chez les enfants et les adultes

Les patients qui présentent des antécédents familiaux de drépanocytose ou de trait drépanocytaire doivent être testés par un frottis périphérique, un test de solubilité de l'hémoglobine, et une électrophorèse de l'hémoglobine.

En présence d'une symptomatologie évoquant la maladie ou ses complications (p. ex., faible croissance, douleur osseuse aiguë et inexpliquée, en particulier au niveau des doigts, nécrose aseptique de la tête fémorale, hématurie inexpliquée) et des patients d'origine africaine souffrant d'anémie normocytaire (en particulier en présence d'une hémolyse), des examens doivent être effectués à la recherche d'une anémie hémolytique, ainsi qu'une électrophorèse de l'hémoglobine et des tests de falciformation des globules rouges. Les cellules sont normocytaires (une microcytose suggère une thalassémie alpha ou bêta concomitante). Des globules rouges nucléés apparaissent fréquemment dans le sang périphérique et une réticulocytose 10% est fréquente. Les frottis sanguins, après coloration, peuvent ne montrer que peu de drépanocytes (globules rouges en forme de croissant, aux extrémités souvent allongées ou pointues).

La drépanocytose homozygote est différenciée des autres hémoglobinopathies par l'électrophorèse qui ne montre que de l'hémoglobine S avec une quantité variable d'Hb F. Chez les hétérozygotes, l'électrophorèse montre la présence de plus d'Hb A que d'Hb S.

La biopsie ostéomédullaire n'est pas utilisée pour le diagnostic. Si elle est effectuée pour éliminer d'autres anémies, elle montre une hyperplasie, avec prédominance des érythroblastes; la moelle osseuse peut devenir aplasique en cas d'infections ou de falciformations sévères. La vitesse de sédimentation érythrocytaire, si elle est effectuée pour exclure d'autres troubles (p. ex., polyarthrite rhumatoïde juvénile causant des douleurs des mains et des pieds), est faible.

Des rx du squelette, si elles sont demandées pour une autre raison, peuvent montrer au niveau du crâne un élargissement du diploé et un aspect en "poils de brosse" des travées osseuses. Les os longs montrent souvent un amincissement des corticales, des irrégularités de densité et des signes de néoformation osseuse au niveau du canal médullaire.

Une hématurie inexpliquée, même chez le patient a priori non suspect de drépanocytose, doit immédiatement faire évoquer un trait drépanocytaire.

Évaluation des aggravations

Chez le drépanocytaire connu, qui a des poussées aiguës, avec des douleurs, une fièvre ou d'autres signes d'infection, il faut évoquer une crise aplasique et demander une numération formule sanguine et une numération des réticulocytes. Une numération des réticulocytes < 1% suggère une crise aplasique, en particulier lorsque l'hémoglobine diminue en dessous du taux habituel du patient. Au cours d'une crise douloureuse sans aplasie, la numération des globules blancs augmente, souvent avec une déviation vers la gauche du schéma cytologique, en particulier en cas d'infection bactérienne. La numération plaquettaire est habituellement augmentée, mais peut chuter en cas de syndrome thoracique aigu. La bilirubinémie est habituellement élevée (p. ex., 2 à 4 mg/dL [34 à 68 micromoles/L]) et l'urine peut contenir de l'urobilinogène. La crise vaso-occlusive est un diagnostic clinique et ne peut être confirmée par des résultats de laboratoire spécifiques, bien que certains résultats de laboratoire puissent suggérer la gravité de la présentation et le risque de décompensation (p. ex., thrombocytopénie, réticulocytopénie, élévation des valeurs du bilan hépatique ou de la créatinine et élévation de la troponine).

En cas de douleurs thoraciques ou de difficultés respiratoires, il faut évoquer un syndrome thoracique aigu et une embolie pulmonaire; une rx thorax et une oxymétrie pulsée sont nécessaires. Le syndrome thoracique aigu étant la principale cause de décès dans la drépanocytose, sa reconnaissance précoce et son traitement sont critiques. Une hypoxémie ou des infiltrats parenchymateux pulmonaires sur la rx thorax évoquent un syndrome thoracique ou une pneumopathie aigus. Une hypoxémie qui apparait sans infiltrat pulmonaire peut faire évoquer une embolie pulmonaire.

En cas de fièvre, une infection et un syndrome thoracique aigus sont évoqués; des cultures, une rx thorax et d'autres tests diagnostiques appropriés sont effectués.

Traitement de la drépanocytose

  • Antibiotiques à large spectre (dans les infections)

  • Antalgiques et hydratation IV (pour les crises de douleurs vaso-occlusives)

  • Oxygène (pour l'hypoxie)

  • Parfois, transfusions sanguines

  • Vaccinations, supplémentation en folate (acide folique) et hydroxyurée (pour l'entretien de la santé)

  • Greffe de cellules-souches (pour les complications avancées)

Le traitement comprend des mesures régulières d'entretien de la santé ainsi que des traitements spécifiques des complications qui se présentent. Les complications sont traitées de manière symptomatique.

Les indications d'hospitalisation sont les suspicions d'infections graves (dont les infections systémiques), les crises aplasiques, les syndromes thoraciques aigus et, souvent, la douleur rebelle. La fièvre à elle seule peut ne pas être une raison d'hospitaliser. Cependant, les patients qui paraissent gravement malades et dont la température est > 38° C doivent être hospitalisés afin que les cultures puissent être obtenues et des antibiotiques administrés en IV.

Antibiotiques

Le patient chez qui on suspecte une infection bactérienne grave ou un syndrome thoracique aigu requiert une antibiothérapie à large spectre immédiate.

Antalgiques

Les crises douloureuses sont traitées par des antalgiques à bonnes doses, habituellement des opiacés. La mépéridine doit être utilisée avec prudence. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont souvent utiles pour réduire les besoins en opiacés; cependant, ils doivent être utilisés avec prudence en cas de maladie rénale.

Hydratation intraveineuse

Bien que la déshydratation contribue à la falciformation et puisse déclencher les crises, il n'est pas certain que l'hyperhydratation soit utile pendant les crises. Néanmoins, le maintien de la volémie à un niveau normal est une base du traitement.

Oxygène

De l'oxygène est administré si nécessaire pour traiter l'hypoxie.

Transfusion

Une transfusion est administrée dans de nombreuses situations dans lesquelles son efficacité n'a pas été systématiquement étudiée. Cependant, le traitement à long terme par transfusions permet de prévenir les thromboses cérébrales récidivantes, en particulier chez l'enfant, dans le but de maintenir le pourcentage d'Hb S en-dessous de 30%.

En contexte aigu, les indications spécifiques de la transfusion comprennent

  • Séquestration splénique aiguë

  • Crises aplasiques

  • Symptômes ou signes cardiopulmonaires (p. ex., insuffisance cardiaque à haut débit, hypoxémie avec PO2 < 65 mmHg)

  • Utilisation pré-opératoire

  • Priapisme

  • Événements mettant en jeu le pronostic vital qui pourraient tirer profit d'une amélioration de l'apport en oxygène (p. ex., sepsis, infection sévère, syndrome thoracique aigu, accident vasculaire cérébral, ischémie aiguë d'organe)

  • Parfois, grossesse

La transfusion n'est pas indiquée en cas de crise douloureuse non compliquée.

Une transfusion simple peut être réalisée lorsque l'objectif est de corriger l'anémie, comme lors d'une crise aplasique ou d'une séquestration splénique ou hépatique.

Une exsanguinotransfusion est effectuée au cours d'événements aigus graves tels que le syndrome thoracique aigu ou d'un accident vasculaire cérébral afin de diminuer le pourcentage d'Hb S et de prévenir l'ischémie. Si le taux d'hémoglobine est initialement bas (< 7 g/dL [< 70 g/L]), une exsanguino-transfusion ne peut être initiée avant la première transfusion de globules rouges. L'exsanguinotransfusion partielle minimise l'accumulation de fer et l'hyperviscosité.

Traitements curateurs

La greffe de cellules-souches hématopoïétiques reste le seul traitement curatif de la drépanocytose. Compte tenu des risques associés à cette thérapie, elle est généralement limitée aux patients présentant des complications de la maladie à un stade avancé.

La thérapie génique ou les techniques de manipulation génétique qui augmentent la quantité d'Hb F sont récemment devenues disponibles. Ce domaine évolue rapidement et l'utilisation de la thérapie par cellules souches pour traiter la drépanocytose se développera.

Maintien de l'état de santé

Les interventions suivantes ont réduit la mortalité de la prise en charge à long terme, en particulier pendant l'enfance:

  • Vaccins pneumococciques, contre Haemophilus influenzae (inactivés, non vivants) et contre les méningocoques. Les vaccinations contre le COVID-19 et la grippe sont également recommandés. La vaccination contre le VRS peut être bénéfique chez l'adulte de plus de 60 ans.

  • L'identification et le traitement rapides des infections bactériennes sérieuses

  • L'antibioprophylaxie, dont la prophylaxie continue par pénicilline administrée par voie orale de 4 mois à 6 ans, réduit la mortalité, en particulier la mortalité infantile

  • L'utilisation de la supplémentation en acide folique et l'hydroxyurée

Une supplémentation en folate (acide folique), 1 mg par voie orale 1 fois/jour, est habituellement prescrite.

En augmentant le taux d'Hb F et en réduisant ainsi la falciformation, l'hydroxyurée diminue le nombre de crises hyperalgiques (p. ex., d'environ 45% [1, 2); de syndromes thoraciques aigus, ainsi que les besoins transfusionnels (2). Elle est recommandée chez tous les enfants et généralement poursuivie jusqu'à l'âge adulte. Chez l'adulte qui ne prend pas déjà d'hydroxyurée, elle est indiquée en cas de crises douloureuses récurrentes ou d'autres complications. La posologie de l'hydroxyurée est variable et doit être adaptée en fonction des numérations globulaires et des effets indésirables. L'hydroxyurée provoque une neutropénie et une thrombopénie. C'est également un tératogène et ne doit pas être administré aux femmes enceintes ou en cas de grossesse envisagée.

Trois autres médicaments sont disponibles pour traiter la drépanocytose. La L-glutamine et le crizanlizumab ciblent tous deux la vaso-occlusion et diminuent les crises douloureuses dans des études contrôlées et randomisées (3, 4). On estime que la L-glutamine réduit le stress oxydatif des érythrocytes drépanocytaires, alors que le crizanlizumab inhibe la P-sélectine, qui contribue à l'adhésion des érythrocytes falciformes à l'endothélium vasculaire. Le voxélotor inhibe la polymérisation de l'Hb S, stabilise l'hémoglobine oxygénée et augmente les taux d'hémoglobine dans un essai contrôlé randomisé (5). Bien que ces médicaments soient incorporés dans les protocoles thérapeutiques en cas de drépanocytose, les données sur leur efficacité sont limitées et contradictoires.

Les examens Doppler transcrâniens chez les enfants peuvent permettre de prédire le risque d'accident vasculaire cérébral, et de nombreux experts recommandent un dépistage annuel chez les enfants de 2 à 16 ans. Les enfants à risque élevé semblent tirer profit de transfusions prophylactiques, d'exsanguinotransfusions chroniques permettant de garder l'HbS à < 30% de l'hémoglobine totale; la surcharge en fer est fréquente et doit être recherchée et traitée.

En cas de transfusions fréquentes de globules rouges, un traitement chélateur doit être envisagé pour prévenir ou retarder les complications dues à une surcharge en fer.

Références pour le traitement

  1. 1. Charache S, Terrin ML, Moore RD, et al: Effect of hydroxyurea on the frequency of painful crises in sickle cell anemia. Investigators of the Multicenter Study of Hydroxyurea in Sickle Cell Anemia. N Engl J Med 332(20):1317–1322, 1995. doi:10.1056/NEJM199505183322001

  2. 2. Rankine-Mullings AE, Nevitt SJ: Hydroxyurea (hydroxycarbamide) for sickle cell disease. Cochrane Database Syst Rev 9(9):CD002202, 2022. Publié le 1 septembre 2022. doi:10.1002/14651858.CD002202.pub3

  3. 3. Ataga KI, Kutlar A, Kanter J, et al: Crizanlizumab for the prevention of pain crises in sickle cell disease. N Engl J Med 376(5):429–439, 2017. doi: 10.1056/NEJMoa1611770

  4. 4. Niihara Y, Miller ST, Kanter J, et al: A phase 3 trial of l-glutamine in sickle cell disease. N Engl J Med 379(3):226–235, 2018. doi: 10.1056/NEJMoa1715971

  5. 5. Vichinsky E, Hoppe CC, Ataga KI, et al: A phase 3 randomized trial of voxelotor in sickle cell disease. N Engl J Med 381(6):509–519, 2019. doi: 10.1056/NEJMoa1903212

Pronostic de la drépanocytose

L'espérance de vie des patients homozygotes a régulièrement augmenté, jusqu'à > 50 ans actuellement (1, 2). Les causes fréquentes de mort sont les syndromes thoraciques aigus, les infections intercurrentes, les embolies pulmonaires, les infarctus d'un organe vital, l'hypertension artérielle pulmonaire, et la une maladie rénale chronique.

Références pour le pronostic

  1. 1. Platt OS, Brambilla DJ, Rosse WF, et al. Mortality in sickle cell disease. Life expectancy and risk factors for early death. N Engl J Med 1994;330(23):1639-1644. doi:10.1056/NEJM199406093302303

  2. 2. Wierenga KJ, Hambleton IR, Lewis NA. Survival estimates for patients with homozygous sickle-cell disease in Jamaica: a clinic-based population study. Lancet 2001;357(9257):680-683. doi:10.1016/s0140-6736(00)04132-5

Points clés

  • Les patients homozygotes pour l'hémoglobine S (Hb S) ont une chaîne bêta anormale, ce qui entraîne la formation de globules rouges fragiles et relativement rigides lorsque l'Hb S se polymérise; les globules rouges peuvent adhérer à l'endothélium et provoquer une vasoconstriction et une inflammation, induisant à un infarctus tissulaire, et ils sont sujets à une hémolyse cause d'anémie.

  • Les patients présentent diverses exacerbations aiguës dont des crises douloureuses, des crises de séquestration, des crises aplasiques, et des syndromes thoraciques aigus.

  • Les conséquences à long terme comprennent une hypertension pulmonaire, une maladie rénale chronique, un accident vasculaire cérébral, une nécrose aseptique et un risque accru d'infection.

  • Diagnostic par électrophorèse de l'hémoglobine.

  • En cas de crises aiguës, administrer des analgésiques opiacés contre la douleur, vérifier la présence d'une aggravation de l'anémie (suggérant une crise aplasique ou de séquestration) et de signes de syndrome thoracique aigu ou d'infection et rétablir un volume intravasculaire normal.

  • Prévenir l'infection par des vaccins et des antibiotiques prophylactiques; limiter les crises douloureuses et les risques complications de la maladie en administrant de l'hydroxyurée.

Plus d'information

La source d'information suivante en anglais peut être utile. S'il vous plaît, notez que LE MANUEL n'est pas responsable du contenu de cette ressource.

  1. Sickle Cell Disease Association of America: fournit une éducation complète des patients et un soutien, y compris le mentorat par les pairs, aux patients atteints de drépanocytose

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