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Carcinome à cellules rénales

(Adénocarcinome rénal)

ParThenappan Chandrasekar, MD, University of California, Davis
Vérifié/Révisé févr. 2025
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Le carcinome à cellules rénales est le cancer rénal le plus fréquent. Les symptômes peuvent comprendre une hématurie, des douleurs de l'hypochondre, une masse palpable et une fièvre d'origine inconnue. Cependant, les symptômes sont souvent absents, de sorte que le diagnostic est généralement suspecté sur des signes de découverte fortuite. Le diagnostic est confirmé par la TDM ou l'IRM et parfois la biopsie. Le traitement consiste en une chirurgie pour la maladie précoce et en une thérapie systémique, un protocole expérimental ou un traitement palliatif pour la maladie avancée.

Ressources du sujet

Le carcinome à cellules rénales est un adénocarcinome et représente 90 à 95% des tumeurs rénales malignes primitives. Les tumeurs rénales primaires moins fréquentes sont le carcinome transitionnel (ou carcinome urothélial), la tumeur de Wilms (le plus souvent chez l'enfant), et le sarcome.

Aux États-Unis, près de 81 610 nouveaux cas de carcinome à cellules rénales et d'autres tumeurs rénales et 14 390 décès (estimations de 2024) se produisent chaque année (1). Le carcinome à cellules rénales est plus fréquent chez l'homme (le rapport homme:femme est d'environ 2:1). Les sujets qui ont un carcinome à cellules rénales sont habituellement diagnostiqués entre 65 et 74 ans. Les facteurs de risque sont les suivants:

  • Le tabagisme, qui double le risque

  • L'obésité

  • HTA

  • Une prise excessive de phénacétine

  • Maladie kystique rénale acquise chez les patients dialysés

  • L'exposition à certains produits de contraste radio-opaques, à l'amiante, au cadmium, aux produits de tannage du cuir et aux dérivés du pétrole

  • Certains syndromes familiaux, en particulier la maladie de von Hippel–Lindau et la sclérose tubéreuse

Le carcinome à cellules rénales tend à entraîner la formation de thrombus dans la veine rénale, qui s'étend parfois à la veine cave. L'envahissement tumoral de la paroi de la veine rénale est rare. Le carcinome à cellules rénales métastase le plus souvent aux ganglions, aux poumons, aux glandes surrénales, au foie, au cerveau et aux os.

Référence

  1. 1. American Cancer Society: Key statistics about kidney cancer. Accessed February 3, 2025.

Symptomatologie du cancer du rein

Les symptômes n'apparaissent habituellement que tard, lorsque la tumeur est déjà d'un volume conséquent et est métastatique. Les signes d'appel sont par ordre de fréquence l'hématurie, macroscopique ou microscopique, les douleurs de l'hypochondre, une fièvre d'origine inconnue (FOI), et la présence d'une masse palpable. D'autres symptômes non spécifiques peuvent comprendre une fatigue, une perte de poids et une satiété précoce. Parfois, il existe une HTA par ischémie segmentaire ou compression pédiculaire. Des syndromes paranéoplasiques sont observés chez près de 20% des patients. Une polyglobulie peut résulter d'une activité érythropoïétine accrue. Cependant, une anémie peut être également observée. L'hypercalcémie est fréquente et peut nécessiter un traitement. Thrombocytose, cachexie ou amyloïdose secondaire peuvent se développer.

Diagnostic du cancer rénal

  • TDM avec injection de produit de contraste ou IRM

Le plus souvent, une masse rénale est détectée fortuitement lors d'une imagerie abdominale ou spinale (p. ex., une TDM, une échographie, une IRM) effectuée pour d'autres raisons. Sinon, le diagnostic est suggéré par les données cliniques et confirmé par une TDM abdominale avant ou après l'injection de produit de contraste ou par l'IRM. (Voir Imagerie génito-urinaire). Une masse rénale, augmentée par un produit de contraste, suggère fortement un carcinome à cellules rénales. La TDM et l'IRM fournissent également des renseignements sur l'extension locale et l'envahissement ganglionnaire et veineux. L'IRM fournit des données supplémentaires relatives à l'extension à la veine rénale et à la veine cave et remplace la cavographie. L'échographie et l'UIV peuvent montrer une masse, mais fournissent moins d'informations sur les caractéristiques de la masse et l'extension de la maladie que la TDM ou l'IRM.

Les tumeurs non cancéreuses et cancéreuses peuvent souvent être distinguées radiologiquement, mais parfois une biopsie ou la chirurgie est nécessaire pour confirmer le diagnostic. La biopsie à l'aiguille n'est pas suffisamment sensible lorsque les résultats sont équivoques; elle n'est recommandée que lorsque le diagnostic aurait une incidence sur le choix du traitement, comme en cas de lésion infiltrante plutôt que de tumeur circonscrite, lorsque la tumeur rénale peut être la métastase d'un autre cancer connu ou parfois pour confirmer un diagnostic avant une chimiothérapie des métastases ou un traitement systémique de masses rénales métastatiques.

L'angio-TDM tridimensionnelle, l'angio-TDM ou l'angio-IRM sont utilisées avant l'intervention chirurgicale, en particulier avant une tumorectomie rénale, afin de définir la nature du carcinome à cellules rénales, pour essayer de déterminer plus précisément le nombre d'artères rénales et afin de délimiter la distribution vasculaire. (Voir Imagerie génito-urinaire). Ces techniques d'imagerie ont pratiquement remplacé l'aortographie et l'angiographie sélective de l'artère rénale.

Une radiographie de thorax et un bilan hépatique sont essentiels. Si la radiographie de thorax est anormale, une TDM du thorax est effectuée. Si la phosphatase alcaline est élevée, la scintigraphie osseuse est nécessaire. L'ionogramme sanguin, l'urée sanguine, la créatinine et la calcémie sont mesurés. L'urée et la créatinine sériques ne sont pas anormales, à moins que les deux reins ne soient pathologiques.

La TEP/TDM au fluorodésoxyglucose (FDG) n'est pas effectuée systématiquement chez la plupart des patients atteints de CCR primitifs, mais elle peut être bénéfique pour la classification préopératoire des tumeurs à haut risque et pour évaluer la réponse aux traitements systémiques en cas de maladie métastatique. Un nouvel agent d'imagerie PET, le zirconium-89 (89Zr)-déféroxamine (DFO)-girentuximab, peut identifier le carcinome rénal à cellules claires (ccRCC) avec une sensibilité et une spécificité élevées (1).

Classification par stades

Les renseignements qui découlent du bilan rendent possible la classification préliminaire par stade. Le système TNM (tumeur, ganglion [node], métastase) a été affiné (voir tableaux AJCC/TNM classification par stade du carcinome à cellules rénales et Définitions TNM du carcinome à cellules rénales). Au moment du diagnostic, le carcinome à cellules rénales est localisé chez 70% des patients, localement invasif chez environ 20% et étendu à des organes à distance chez 11% des patients (2).

Tableau
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Références pour le diagnostic

  1. 1. Roussel E, Capitanio U, Kutikov A, et al. Novel imaging methods for renal mass characterization: A collaborative review. Eur Urol. 81(5):476-488, 2022. doi: 10.1016/j.eururo.2022.01.040

  2. 2. Patel HD, Gupta M, Joice GA, et al. Clinical Stage Migration and Survival for Renal Cell Carcinoma in the United States. Eur Urol Oncol. 2019;2(4):343-348. doi:10.1016/j.euo.2018.08.023

Traitement du cancer du rein

  • Dans le cas du carcinome rénal précoce, traitement chirurgical, surveillance active ou techniques d'ablation

  • En cas de carcinome à cellules rénales avancé, thérapies palliatives ou protocoles expérimentaux

Traitements curateurs

La néphrectomie élargie (ablation du rein, de la graisse périrénale, du fascia de Gerota +/- glande surrénale homolatérale) est le traitement standard d'un carcinome à cellules rénales localisé et assure une chance raisonnable de guérison. Les résultats des procédures ouvertes ou peu invasives sont comparables; la récupération est généralement plus facile dans le cas des procédures peu invasives. La chirurgie d'épargne néphronique (néphrectomie partielle) est possible et appropriée chez nombre de patients. La néphrectomie partielle gagne en popularité parce qu'elle entraîne une incidence moindre de maladie rénale chronique que la néphrectomie radicale. C'est le traitement standard des tumeurs T1a classées cliniquement (cT1a, < 4 cm) et doit être envisagée en cas de tumeurs T1b ou T2 et en cas d'indications absolues de préservation du néphron (p. ex., masses rénales bilatérales, maladie rénale isolée, rein solitaire). Une néphrectomie radicale doit être envisagée en cas de rein controlatéral normal, de fonction rénale normale et de tumeurs primitives plus avancées (cT1b à cT4).

La suppression non chirurgicale des tumeurs rénales par congélation (cryochirurgie) ou par énergie thermique (radio fréquence), souvent par voie percutanée doit être envisagée pour les tumeurs de moins de 3 cm. Dans le cas des petites masses rénales, une surveillance active (avec intervention retardée) doit être envisagée comme option de traitement de première intention, en particulier si les traitements actifs présentent des risques et/ou si les patients présentent des comorbidités importantes. La prise de décision concernant le traitement est complexe et multifactorielle et implique généralement une prise de décision partagée (1).

Pour les tumeurs progressant dans la veine rénale et la veine cave, la chirurgie peut être curative en l'absence de métastases ganglionnaires ou à distance.

Si les deux reins sont atteints, la néphrectomie partielle de l'un ou des deux reins est préférable à une néphrectomie élargie bilatérale si cela est techniquement réalisable.

L'utilisation adjuvante de la thérapie ciblée après la chirurgie n'a pu prolonger la survie dans de multiples essais cliniques, mais des améliorations de survie sans maladie ont été observées chez les patients prenant du sunitinib comme adjuvant dans le S-TRAC et ont conduit à son utilisation approuvée après résection chez les patients à haut risque (2). Son utilisation a été limitée. L'étude KEYNOTE-564 (3) a montré de fortes augmentations de la survie sans maladie et de la survie globale chez les patients traités avec le pembrolizumab comme thérapie adjuvante pour les patients atteints de carcinome à cellules rénales à cellules claires traités chirurgicalement et présentant un risque élevé de récidive (CCR à cellules claires localisé avec des caractéristiques sarcomatoïdes; histopathologie de grade 4 de la Société internationale de pathologie urologique (ISUP); ou carcinome à cellules rénales localement avancé ou métastatique complètement réséqué).

Traitements palliatifs

Les soins palliatifs peuvent comprendre une néphrectomie, une embolisation tumorale, une radiothérapie externe et une thérapie systémique. La résection de métastases constitue un traitement palliatif et, si leur nombre est limité, prolonge la vie de certains patients, en particulier ceux dont l'intervalle de temps entre le traitement initial (néphrectomie) et le développement des métastases est long. Bien que le carcinome à cellules rénales métastatique soit traditionnellement qualifié de radiorésistant, la radiothérapie peut constituer un traitement palliatif lorsqu'il existe des métastases peu nombreuses, en particulier osseuses.

Les thérapies systémiques sont le pilier de la prise en charge des patients atteints de carcinome à cellules rénales métastatiques. Le traitement médicamenteux réduit la taille de la tumeur et augmente l'espérance de vie. Environ 10 à 20% des patients répondent à l'interféron-alpha-2b ou à l'IL-2, bien que la réponse ne soit durable que chez < 5% (4). De nombreuses thérapies ciblées ont prouvé leur efficacité sur les tumeurs avancées: sunitinib, sorafénib, bévacizumab, pazopanib, cabozantinib, axitinib et lenvatinib (inhibiteurs de tyrosine kinase) et le temsirolimus et l'évérolimus, qui inhibent la cible de la rapamycine chez les mammifères (mammalian target of rapamycin [mTOR]) (4).

Cependant, les plus récentes thérapies systémiques disponibles pour le carcinome à cellules rénales métastatique sont les inhibiteurs des points de contrôle immunitaire (4). Ces anticorps monoclonaux contre PD-1 ou PD-L1 bloquent l'interaction PD-1/PD-L1 entre les cellules tumorales et les cellules T infiltrantes, bloquant ainsi l'inhibition de la réponse immunitaire induite par la voie PD-1, y compris la réponse immunitaire antitumorale. Les traitements systémiques de première ligne pour les patients atteints de carcinome à cellules rénales métastatique sont des thérapies combinées (inhibiteur de points de contrôle immunitaire +/- thérapie ciblée, chimiothérapie, ou un second inhibiteur de points de contrôle immunitaire); les combinaisons incluent pembrolizumab + axitinib, nivolumab + cabozantinib, pembrolizumab + lenvatinib, et ipilimumab + cabozantinib. Le choix de la combinaison est basé sur la détermination du risque de maladie métastatique récurrente (risque favorable, intermédiaire ou mauvais) tel que défini par les critères de risque du Consortium international de bases de données sur le CCR métastatique. Chez certains patients, une résection chirurgicale complète (y compris les métastases) ou une combinaison de chirurgie et de radiothérapie pour tous les sites de la maladie peut être envisagée à la place d'un traitement systémique. Des essais cliniques sont nécessaires.

Les autres traitements sont expérimentaux. Ils comprennent la transplantation de cellules souches, d'autres interleukines, le traitement anti-angiogenèse (p. ex., thalidomide) et la vaccinothérapie. La chimiothérapie traditionnelle avec un seul médicament ou en association, de même que les progestatifs, est inefficace.

La néphrectomie cytoréductrice avant le traitement systémique est controversée à présent que CARMENA (Clinical Trial to Assess the Importance of Nephrectomy), un essai randomisé de phase III comparant la néphrectomie cytoréductrice suivie de sunitinib et de sunitinib seul, a montré que la survie n'était pas moins bonne lorsque le sunitinib seul était utilisé (5); cependant, cet essai a été critiqué pour sa sélection des patients (fortement enrichi en patients à haut risque avec une inclusion minimale des patients à risque intermédiaire).

Les recommandations actuelles consistent à envisager une néphrectomie cytoréductrice avant le traitement systémique chez les patients présentant l'un des critères suivants (4):

  • Charge pathologique plus importante dans le rein

  • Saignement symptomatique ou douleur de la tumeur primitive

  • Présence d'un syndrome paranéoplasique associé à la tumeur primitive

  • Un excellent état de performance avec une fonction rénale controlatérale normale

Une meilleure connaissance des sous-types génétiques de carcinome à cellules rénales conduit à l'évolution des recommandations de prise en charge qui sont plus spécifiques.

Références pour le traitement

  1. 1. Chandrasekar T, Boorjian SA, Capitanio U, et al: Collaborative review: Factors influencing treatment decisions for patients with a localized solid renal mass. Eur Urol. 80(5):575-588, 2021. doi: 10.1016/j.eururo.2021.01.021

  2. 2. Ravaud A, Motzer RJ, Pandha HS et al: Adjuvant sunitinib in high-risk renal-cell carcinoma after nephrectomy. N Engl J Med.  8;375(23):2246-2254, 2016. doi: 10.1056/NEJMoa1611406

  3. 3. Choueiri TK, Tomczak P, Park SH, et al for the KEYNOTE-564 Investigators: Adjuvant pembrolizumab after nephrectomy in renal-cell carcinoma. N Engl J Med . 385(8):683-694, 2021. doi: 10.1056/NEJMoa2106391

  4. 4. Rathmell WK, Rumble RB, Van Veldhuizen PJ, et al. Management of Metastatic Clear Cell Renal Cell Carcinoma: ASCO Guideline. J Clin Oncol. 2022;40(25):2957-2995. doi:10.1200/JCO.22.00868

  5. 5. Mejean A, Ravaud A, Thezenas S, et al: Sunitinib alone or after nephrectomy in metastatic renal-cell carcinoma. N Eng J Med. 379:417-427, 2018. doi: 10.1056/NEJMoa1803675

Pronostic du cancer du rein

Les taux de survie à 5 ans vont de plus de 90% pour les maladies localisées à moins de 20% pour celles avec des métastases à distance (1). Le pronostic est défavorable en cas de carcinome à cellules rénales métastatique ou récidivant, car les traitements sont habituellement inefficaces, bien qu'utiles à titre palliatif.

Référence pour le pronostic

  1. 1. Siegel RL, Giaquinto AN, Jemal A. Cancer statistics, 2024 [published correction appears in CA Cancer J Clin. 2024 Mar-Apr;74(2):203. doi: 10.3322/caac.21830]. CA Cancer J Clin. 2024;74(1):12-49. doi:10.3322/caac.21820

Points clés

  • Le carcinome à cellules rénales est un adénocarcinome et représente 90 à 95% des tumeurs rénales malignes primitives.

  • Les symptômes (le plus souvent une hématurie macro- ou microscopique) ne se manifestent que lorsque la tumeur est grosse ou métastatique, sa découverte est donc souvent fortuite.

  • Diagnostiquer le carcinome à cellules rénales par IRM ou par TDM avec injection de produit de contraste et effectuer une radiographie de thorax, des examens sanguins (dont des tests hépatiques) pour étudier le stade.

  • Traiter la plupart des carcinomes à cellules rénales localisés par la chirurgie, la surveillance active ou l'ablation thermique.

  • Traiter le carcinome à cellules rénales avancé par immunothérapie combinée, des thérapies médicamenteuses ciblées, l'interféron alpha-2b ou l'IL-2, la radiothérapie palliative et/ou la chirurgie

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