Spondylarthrite ankylosante

ParKinanah Yaseen, MD, Cleveland Clinic
Vérifié/Révisé avr. 2024
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Les faits en bref

La spondylarthrite ankylosante est une spondylarthrite caractérisée par l’inflammation de la colonne vertébrale (spondylarthrite), des grosses articulations, des doigts et des orteils, entraînant une raideur et des douleurs.

  • Une douleur articulaire prolongée, une raideur dorsale matinale et une inflammation oculaire sont fréquentes.

  • Le diagnostic repose sur les symptômes, des radiographies et des critères établis.

  • Les anti-inflammatoires non stéroïdiens et, parfois, la sulfasalazine ou le méthotrexate peuvent soulager l’arthrite dans les membres.

  • Les médicaments inhibiteurs du facteur de nécrose tumorale et certains autres agents biologiques sont très efficaces contre l’arthrite de la colonne vertébrale et des membres.

La spondylarthrite ankylosante est 3 fois plus fréquente chez l’homme que chez la femme, et elle se développe surtout entre 20 et 40 ans. La cause de la spondylarthrite ankylosante est inconnue, mais la maladie tend à apparaître lorsqu’il y a une prédisposition familiale, suggérant que la génétique y est pour quelque chose. La spondylarthrite ankylosante est 10 à 20 fois plus fréquente chez les personnes dont les parents ou les membres de la fratrie sont atteints. Le gène HLA-B27 est présent chez 90 % des personnes d’origine ethnique blanche atteintes de spondylarthrite ankylosante, mais il peut être également présent chez 10 % de la population générale selon l’origine ethnique. Cependant, le fait d’être porteur du gène HLA-B27 ne signifie pas qu’une personne présente ou développera une spondylarthrite ankylosante. Par exemple, seulement 50 % des vrais jumeaux présentent tous deux la maladie, ce qui signifie que des facteurs environnementaux inconnus peuvent également jouer un rôle.

Symptômes de la spondylarthrite ankylosante

Dans la spondylarthrite ankylosante, les poussées légères à modérées peuvent alterner avec des périodes pratiquement asymptomatiques.

Le symptôme le plus fréquent est :

  • Douleur dorsale

La douleur dorsale varie en intensité d’un épisode à l’autre et d’une personne à l’autre. La douleur est souvent maximale pendant la nuit et le matin. Une raideur matinale soulagée par l’activité physique est également très fréquente. La douleur lombaire et les contractures musculaires associées sont souvent soulagées par la flexion antérieure du tronc. Ainsi, les personnes non traitées développent souvent une posture voûtée, qui peut s’aggraver et devenir permanente. Chez d’autres, la colonne vertébrale devient extraordinairement droite et raide.

Parfois, la dorsalgie peut s’accompagner d’une perte d’appétit, d’une perte de poids, d’une fatigue excessive et d’anémie. Si les articulations qui relient les côtes à la colonne sont inflammatoires, la douleur peut limiter l’expansion thoracique pour respirer profondément. La raideur (fusion) de la colonne vertébrale peut également restreindre la capacité à gonfler le thorax.

Parfois, la douleur débute dans les grosses articulations, comme les hanches, les genoux et les épaules.

Environ 25 % des personnes présentent des symptômes touchant tout l’organisme (systémiques) :

  • Les crises récidivantes d’inflammation de l’œil douloureuse mais parfois légère (uvéite) sont fréquentes, mais n’entraînent généralement pas de baisse de la vision si le traitement intervient rapidement.

  • Chez quelques personnes, une inflammation de la valve cardiaque conduit à une lésion définitive de la valve, ou d’autres problèmes peuvent affecter le cœur ou l’aorte.

  • Si les vertèbres lésées compriment les nerfs ou la moelle épinière, un engourdissement, une faiblesse ou une douleur dans la région innervée par les fibres nerveuses touchées peuvent se manifester. Le syndrome de la queue de cheval est une complication occasionnelle dans laquelle les nerfs qui partent de la partie inférieure de la moelle épinière sont affectés.

  • Des affections pulmonaires, comme la toux, la toux sanguinolente (hémoptysie) et l’essoufflement (dyspnée) peuvent apparaître dans de rares cas.

  • Une tendinite du talon d’Achille, une fasciite plantaire et une tendinite rotulienne peuvent se développer. Une dactylite (doigts « en saucisses »), gonflement douloureux d’un doigt ou d’un orteil, peut également se développer.

Diagnostic de la spondylarthrite ankylosante

  • Radiographies

  • Analyses de sang

  • Parfois, imagerie par résonance magnétique (IRM)

  • Critères établis

Le diagnostic de la spondylarthrite ankylosante se base sur la symptomatologie, les antécédents familiaux du trouble et les radiographies de la colonne vertébrale, du bassin et des articulations touchées. Bien que ce ne soit pas systématique, les radiographies montrent une usure (érosion) de l’articulation entre la colonne vertébrale et l’os de la hanche (articulation sacro-iliaque) et la formation de ponts osseux entre les vertèbres, aboutissant à la raideur de la colonne vertébrale (sacro-iliite). Chez certaines personnes, la sacro-iliite n’est pas visible à la radiographie, mais peut être détectée avec une IRM du bassin ou du rachis.

Des analyses de sang sont effectuées pour déterminer la vitesse de sédimentation (VS), un examen mesurant la vitesse à laquelle les globules rouges se déposent au fond d’une éprouvette de sang, et également pour déterminer le taux de protéine C-réactive, et parfois la présence du gène HLA-B27. Des taux élevés de VS et de protéine C-réactive indiquent une inflammation, mais peuvent ne pas indiquer la sévérité du trouble. Les personnes peuvent avoir le gène HLA-B27 sans être atteintes de spondylite. La présence du gène HLA-B27 augmente le risque de spondylarthrite ankylosante, mais ne confirme pas le diagnostic.

Analyse biologique

Les médecins peuvent également baser leur diagnostic sur une série de critères prédéfinie, mais il existe différents ensembles de critères, et certains sont soumis à des changements. Par exemple, les critères suivants sont parfois appliqués aux personnes ayant souffert d’une douleur dorsale pendant plus de 3 mois et qui sont âgées de moins de 45 ans lors de l’apparition des symptômes.

Les critères décrits ici sont divisés en deux catégories : critères d’imagerie (radiographies ou IRM) et critères cliniques (examen et analyse de sang). Les personnes qui remplissent une ou les deux catégories de critères peuvent être atteintes de spondylarthrite ankylosante.

Pour satisfaire à la catégorie imagerie des critères, les personnes doivent présenter une sacro-iliite confirmée par radiographies ou IRM et au moins l’une des caractéristiques de la liste ci-dessous. Pour satisfaire à la catégorie clinique des critères, les personnes doivent être porteuses du gène HLA-B27 et présenter au moins deux des caractéristiques de la liste ci-dessous :

  • Dactylite (gonflement de la totalité d’un doigt ou d’un orteil)

  • Inflammation douloureuse du talon

  • Antécédents familiaux de spondylarthrite

  • Antécédents de douleurs dorsales inflammatoires

  • Arthrite

  • Psoriasis

  • Maladie inflammatoire chronique de l’intestin

  • Inflammation oculaire (uvéite)

  • Taux élevé de protéine C-réactive

  • Soulagement de la douleur et de l’inflammation avec des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)

En général, la douleur dorsale inflammatoire commence progressivement vers l’âge de 40 ans ou avant. Le matin, les personnes présentent une raideur, qui est soulagée par les mouvements.

Traitement de la spondylarthrite ankylosante

  • Anti-inflammatoires non stéroïdiens

  • Inhibiteurs du facteur de nécrose tumorale (TNF), inhibiteurs de l’interleukine-17 (IL-17) ou inhibiteurs de la Janus kinase (JAK)

  • Activité physique

Le traitement de la spondylarthrite ankylosante s’attache avant tout à :

  • Soulager la douleur dorsale et la douleur articulaire

  • Maintenir l’amplitude de mouvement dans les articulations

  • Prévenir les lésions dans d’autres organes

  • Prévenir ou corriger les difformités de la colonne vertébrale

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent réduire la douleur et l’inflammation, et permettent aux personnes d’accomplir des exercices importants pour maintenir une bonne posture, notamment des exercices d’étirement et de respiration profonde.

Les inhibiteurs du TNF étanercept, adalimumab, infliximab, golimumab et certolizumab pégol soulagent efficacement la douleur dorsale et l’inflammation. L’adalimumab ou l’infliximab sont préférables à l’étanercept pour le traitement de la spondylarthrite ankylosante chez les personnes atteintes d’uvéite récurrente.

Le sécukinumab, un inhibiteur des récepteurs de l’IL-17A, peut également réduire l’inflammation et les symptômes articulaires. L’ixékizumab, un autre inhibiteur de l’IL-17, est utilisé dans la spondylarthrite ankylosante active.

Les inhibiteurs de JAK (par exemple, l’upadacitinib et le tofacitinib) sont des anti-rhumatismaux modificateurs de la maladie (ARMM) synthétiques ciblés qui peuvent être utilisés chez les personnes dont les symptômes n’ont pas été soulagés par des AINS, un inhibiteur du TNF ou un inhibiteur de l’IL-17.

Les objectifs à long terme du traitement de la spondylarthrite ankylosante sont de maintenir une posture adaptée et de développer des muscles dorsaux robustes. Les exercices quotidiens renforcent les muscles qui freinent la tendance à se pencher et à se voûter. Il est conseillé de passer chaque jour du temps à plat ventre (par exemple, souvent en lisant), appuyé sur les coudes, car cette position étire le dos et permet de préserver sa souplesse.

Les corticoïdes sous forme de gouttes ophtalmiques et les gouttes pour dilater les pupilles peuvent être utiles dans le traitement à court terme de l’inflammation oculaire intermittente et une injection de corticoïdes de manière occasionnelle peut être effectuée pour une ou deux articulations, en dehors de la colonne vertébrale. Des myorelaxants et des analgésiques opioïdes sont parfois utilisés pendant de courtes périodes pour soulager les douleurs et les contractures musculaires sévères.

Si les hanches ou les genoux sont érodés ou fixés en position fléchie, un traitement chirurgical de remplacement de l’articulation peut calmer la douleur et rétablir la fonction.

Comme le mouvement de la paroi thoracique peut être limité, ce qui affecte la fonction pulmonaire, le tabagisme, qui l’affecte également, est vivement déconseillé.

Pronostic de la spondylarthrite ankylosante

La plupart des personnes atteintes de spondylarthrite ankylosante développent une invalidité, mais peuvent continuer à vivre une vie normale, productive. Chez certaines personnes, la maladie est plus progressive et cause une déformation importante. Le pronostic de la spondylarthrite ankylosante est décourageant pour les personnes qui développent une raideur extrême de la colonne vertébrale ou des hanches, une uvéite, ou une maladie cardiaque ou pulmonaire.

Informations supplémentaires

Les ressources en anglais suivantes pourraient vous être utiles. Veuillez noter que LE MANUEL n’est pas responsable du contenu de cette ressource.

  1. Arthritis Foundation : Informations sur la spondylarthrite ankylosante et les traitements disponibles, conseils sur le mode de vie et autres ressources

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