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Infirmité motrice cérébrale (IMC)

ParM. Cristina Victorio, MD, Akron Children's Hospital
Révisé parAlicia R. Pekarsky, MD, State University of New York Upstate Medical University, Upstate Golisano Children's Hospital
Vérifié/Révisé Modifié avr. 2025
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Les faits en bref
L’infirmité motrice cérébrale fait référence à un groupe d’affections impliquant une difficulté à bouger et une raideur musculaire (spasticité). Elle est due à des malformations cérébrales survenant avant la naissance lorsque le cerveau est en train de se développer ou à une lésion cérébrale survenant avant, pendant ou peu après la naissance.

  • Les causes de l’infirmité motrice cérébrale comprennent des lésions cérébrales causées par une privation d’oxygène ou par des infections, et des malformations cérébrales.

  • Les symptômes vont d’une maladresse à peine perceptible, à une importante difficulté à bouger un ou plusieurs membres, à une paralysie et à des articulations si raides qu’il est impossible de les bouger.

  • Certains enfants atteints d’infirmité motrice cérébrale présentent également un déficit intellectuel, des problèmes comportementaux, une altération de la vue ou de l’audition et/ou des troubles convulsifs.

  • Le diagnostic est suspecté lorsque les enfants présentent un retard d’apprentissage pour marcher ou pour développer d’autres capacités motrices ou lorsque ses muscles sont raides ou faibles.

  • Il n’existe aucun traitement pour l’infirmité motrice cérébrale, mais la kinésithérapie, l’ergothérapie et la rééducation de la parole, et parfois des médicaments et/ou une chirurgie, peuvent aider les enfants à atteindre leur plein potentiel.

  • La plupart des enfants qui ont une infirmité motrice cérébrale survivent jusqu’à l’âge adulte.

L’infirmité motrice cérébrale (IMC) survient chez environ 2 nourrissons sur 1 000, en particulier chez les nourrissons prématurés avant 28 semaines de gestation et chez les nourrissons de faible poids à la naissance.

L’IMC n’est pas une maladie spécifique. Il s’agit plutôt d’un groupe de symptômes dus à des malformations ou à des atteintes de certaines aires cérébrales qui contrôlent les mouvements musculaires (aires motrices). Parfois, les enfants atteints d’infirmité motrice cérébrale présentent également des anomalies dans d’autres zones du cerveau. Les lésions cérébrales responsables d’IMC peuvent survenir au cours de la grossesse, pendant ou après la naissance, ou pendant la petite enfance. Une fois la lésion cérébrale constituée, celle-ci ne s’aggrave plus, même si les symptômes semblent changer à mesure que l’enfant grandit et mûrit. Si le dysfonctionnement musculaire est dû à une lésion cérébrale survenant après l’âge de 2 ans, il n’est pas considéré comme étant une infirmité motrice cérébrale.

Le saviez-vous ?

  • L’IMC n’est pas une maladie spécifique. Il s’agit d’un groupe de symptômes apparentés avec de nombreuses causes différentes impliquant des malformations ou des lésions de certaines régions du cerveau qui contrôlent les mouvements musculaires.

Causes de l’infirmité motrice cérébrale

Beaucoup de types différents de malformations et de lésions cérébrales peuvent entraîner une IMC et il existe souvent plusieurs causes.

Les problèmes qui surviennent juste avant, pendant et juste après la naissance entraînent certains des cas. Ces problèmes incluent un manque d’oxygène pendant l’accouchement, des infections et des lésions cérébrales.

Les infections prénatales, telles que la rubéole, la toxoplasmose, l’infection à virus Zika ou l’infection à cytomégalovirus, peuvent parfois provoquer une infirmité motrice cérébrale. Parfois, les malformations cérébrales causant l’infirmité motrice cérébrale sont dues à des anomalies génétiques.

Les nourrissons prématurés sont particulièrement vulnérables, probablement parce que dans une certaine partie de leur cerveau, certains vaisseaux sanguins sont fins et ont tendance à saigner aisément. Des taux sanguins élevés de bilirubine peuvent induire une forme de lésion cérébrale nommée encéphalopathie bilirubinique chronique (auparavant appelée ictère nucléaire), qui peut entraîner une infirmité motrice cérébrale.

Au cours des 2 premières années de vie, une maladie grave, telle que l’inflammation des enveloppes du cerveau (méningite), une infection sévère de la circulation sanguine (septicémie), un traumatisme ou une déshydratation sévère, peut provoquer une atteinte cérébrale et une IMC.

Le saviez-vous ?

  • Après l’âge de 2 ans, le dysfonctionnement musculaire dû à une lésion cérébrale n’est pas considéré comme infirmité motrice cérébrale.

Symptômes de l’infirmité motrice cérébrale

Les symptômes de l’IMC varient considérablement en intensité, allant d’une maladresse à une grave spasticité qui déforme les bras et les jambes de l’enfant et exige l’utilisation d’appareils orthopédiques, tels que des attelles, des béquilles ou un fauteuil roulant pour l’aider à se mouvoir. En raison de l’atteinte possible de certaines autres aires cérébrales par le problème ayant causé l’infirmité motrice cérébrale, de nombreux enfants atteints d’une IMC présentent d’autres incapacités et affections, comme un déficit intellectuel, des troubles du comportement, des troubles de la vision ou de l’audition, des douleurs chroniques, des troubles de l’élocution et du langage, des troubles convulsifs, une luxation des hanches et une salivation.

Il existe 4 principales formes d’IMC :

  • Spastique

  • Dyskinétique (athétosique ou dystonique)

  • Ataxique

  • Mixte

Dans toutes les formes, le langage peut être difficile à comprendre parce que l’enfant a des difficultés à contrôler les muscles qui permettent l’articulation du langage. Un strabisme et d’autres problèmes oculaires peuvent survenir.

Infirmité motrice cérébrale spastique

La spasticité est une raideur musculaire qui empêche les mouvements normaux.

L’infirmité motrice cérébrale spastique est le type le plus fréquent et survient chez la majorité des enfants atteints d’infirmité motrice cérébrale.

Dans ce type, les muscles sont raides (spastiques) et faibles. La raideur peut affecter différentes parties du corps :

  • Les deux bras et les deux jambes (tétraplégie)

  • Les jambes plus que les bras (diplégie)

  • Parfois, le bras et la jambe du même côté (hémiplégie)

  • Rarement, seulement les jambes et le bas du corps (paraplégie)

Les membres atteints sont peu développés, raides et faibles. Certains enfants peuvent marcher en croisé, lorsqu’une jambe passe au-dessus de l’autre (démarche en ciseaux) et d’autres peuvent marcher sur la pointe des pieds.

Les enfants tétraplégiques sont ceux les plus sévèrement atteints. Ils présentent habituellement un déficit intellectuel (parfois grave) associé à des convulsions et des difficultés de déglutition. Les enfants qui présentent un trouble de la déglutition peuvent s’étrangler avec des sécrétions buccales et stomacales et les inhaler. L’inhalation provoque une inflammation pulmonaire entraînant des troubles respiratoires. Des inhalations répétées peuvent causer des lésions pulmonaires irréversibles.

De nombreux enfants atteints de diplégie spastique ont une intelligence normale et sont moins susceptibles d’avoir des convulsions. Les enfants atteints de tétraplégie spastique peuvent présenter un déficit intellectuel sévère.

Infirmité motrice cérébrale dyskinétique (athétosique ou dystonique)

L’athétose correspond à des mouvements de contorsion involontaires. Les dystonies sont des contractions musculaires involontaires.

L’infirmité motrice cérébrale dyskinétique est le deuxième type le plus fréquent et survient chez environ 15 % des enfants atteints d’infirmité motrice cérébrale.

Dans ce type, les bras, les jambes et le corps bougent spontanément lentement et involontairement. Les mouvements peuvent également être tordus, brusques et saccadés. Les émotions intenses aggravent ces mouvements qui disparaissent pendant le sommeil.

Les difficultés d’articulation intelligible des mots sont courantes et souvent sévères. Si la cause est l’encéphalopathie bilirubinique chronique, les enfants affectés sont souvent sourds et ont des troubles de la vue.

Infirmité motrice cérébrale ataxique

L’ataxie est la difficulté à contrôler et coordonner les mouvements du corps, en particulier la marche.

L’infirmité motrice cérébrale ataxique est rare.

Dans ce type, la coordination est réduite et les muscles sont faibles. Les mouvements deviennent hésitants lorsque les enfants veulent attraper un objet (forme de tremblement). Les enfants rencontrent des difficultés lorsqu’ils essaient de bouger rapidement ou de faire des choses nécessitant des mouvements précis. Ils marchent parfois de manière chancelante, les pieds très espacés pour un meilleur équilibre.

Infirmité motrice cérébrale mixte

Dans la forme mixte, n’importe lesquelles des formes présentées précédemment, le plus souvent la forme spastique et la forme dyskinétique, sont associées. Cette forme concerne de nombreux enfants atteints d’infirmité motrice cérébrale.

Les enfants atteints d’une forme mixte peuvent souffrir d’un déficit intellectuel sévère.

Diagnostic de l’infirmité motrice cérébrale

  • Imagerie du cerveau

  • Analyses de sang et parfois tests de la fonction nerveuse et musculaire

Les symptômes de l’IMC ne sont pas toujours visibles à la naissance et peuvent devenir plus évidents à mesure que le bébé grandit. Par exemple, au fur et à mesure que le bébé grandit, les parents peuvent remarquer des retards dans l’apprentissage de la marche et du développement d’autres capacités motrices (développement moteur), une spasticité ou un manque de coordination (voir le tableau Étapes de développement de la naissance à 12 mois). Cependant, les médecins peuvent diagnostiquer l’IMC avant que ces symptômes ne soient visibles chez les enfants de moins de 5 mois. Si un bébé naît avec un facteur de risque d’IMC, comme une prématurité ou un taux élevé de bilirubine dans le sang, les médecins réalisent une imagerie par résonance magnétique (IRM) du cerveau du bébé à la recherche d’anomalies ou de lésions. Ils réalisent également des examens neurologiques et moteurs. Au cours de ces examens, les médecins prêtent une attention particulière aux mouvements, à la posture et au tonus musculaire du bébé. Par exemple, certains bébés peuvent ne pas être capables de s’asseoir seuls à l’âge habituel (environ 7 mois), et certains ont des muscles très détendus et faibles, tandis que d’autres ont des muscles raides et tendus. Les résultats de l’IRM et des examens peuvent aider les médecins à déterminer si le bébé présente une IMC. Une IRM et des échographies du cerveau peuvent être réalisées pour identifier d’autres problèmes cérébraux.

Une tomodensitométrie (TDM) et une IRM peuvent être réalisées pour identifier des problèmes cérébraux chez les enfants âgés de 3 ans et plus.

Les médecins posent également des questions sur les éventuels problèmes survenus pendant la grossesse ou au cours de l’accouchement, ainsi que sur le développement de l’enfant. Ces informations peuvent permettre d’en identifier la cause.

Bien que les analyses de laboratoire ne puissent pas identifier l’infirmité motrice cérébrale, un médecin peut réaliser des analyses de sang pour identifier une cause et chercher d’autres affections.

Si la cause n’est toujours pas évidente ou si les problèmes musculaires semblent s’aggraver ou être différents de ceux habituellement causés par l’infirmité motrice cérébrale, les médecins peuvent recommander des analyses supplémentaires, comme des études électriques des nerfs (études de la conduction nerveuse) et des muscles (électromyographie) et des analyses génétiques.

Traitement de l’infirmité motrice cérébrale

  • Kinésithérapie, ergothérapie et orthophonie

  • Appareil dentaire

  • Toxine botulinique et autres médicaments pour réduire la spasticité

  • Parfois, chirurgie

L’infirmité motrice cérébrale est incurable et il s’agit d’une maladie chronique. Cependant, il est possible de prendre en charge les symptômes de l’infirmité motrice cérébrale et beaucoup peut être fait pour améliorer la mobilité et l’indépendance de l’enfant. L’objectif est de permettre aux enfants de devenir indépendants à leur niveau.

La kinésithérapie, l’ergothérapie et les aides prothétiques peuvent améliorer le contrôle musculaire et la marche, surtout si la rééducation est commencée précocement. L’orthophonie peut rendre le langage plus compréhensible et atténuer les difficultés de déglutition.

Les ergothérapeutes peuvent aider certains enfants à apprendre des manières de compenser leurs problèmes musculaires et donc réaliser des activités quotidiennes (comme prendre son bain, manger et s’habiller) eux-mêmes. Ou les thérapeutes peuvent apprendre aux enfants à utiliser des dispositifs les aidant à réaliser ces activités.

La thérapie par contrainte induite peut être utile lorsque le trouble n’affecte pas tous les membres. Pour cette thérapie, le membre non affecté est contraint pendant les heures de marche, sauf pendant les activités spécifiques, de façon à ce que les enfants doivent réaliser des tâches avec le membre affecté. Par conséquent, de nouvelles voies pour les impulsions nerveuses peuvent se développer dans le cerveau, ce qui permet aux enfants de mieux utiliser le membre atteint.

Certains médicaments peuvent être utiles. Lorsque la toxine botulique est injectée dans les muscles, ceux-ci sont moins capables de tirer de manière déséquilibrée sur les articulations, et donc moins susceptibles de s’atrophier définitivement (contractures). La toxine botulique, toxine bactérienne responsable du botulisme, agit en paralysant les muscles ayant reçu l’injection. Il s’agit du médicament vendu sous le nom de « botox » utilisé pour traiter les rides.

D’autres médicaments utilisés pour réduire la spasticité incluent : le baclofène, les benzodiazépines (telles que le diazépam), la tizanidine, et parfois le dantrolène, tous par voie orale. L’implantation d’une pompe qui fournit une perfusion continue de D’autres médicaments utilisés pour réduire la spasticité incluent : le baclofène, les benzodiazépines (telles que le diazépam), la tizanidine, et parfois le dantrolène, tous par voie orale. L’implantation d’une pompe qui fournit une perfusion continue debaclofène autour de la moelle épinière peut s’avérer bénéfique pour certains enfants atteints d’une spasticité grave.

On peut parfois proposer une intervention chirurgicale pour couper ou allonger les tendons des muscles rigides qui limitent la mobilité. En outre, les chirurgiens peuvent relier les tendons à une autre partie de l’articulation pour que celle-ci soit sollicitée de manière équilibrée. Parfois, la résection de certaines racines nerveuses issues de la moelle épinière (rhizotomie dorsale) réduit la spasticité et peut aider certains enfants, tout spécialement ceux nés prématurément, du moment que la spasticité affecte principalement les jambes et que la fonction cognitive est bonne.

En l’absence de déficits intellectuels graves, de nombreux enfants souffrant d’infirmité motrice cérébrale ont un développement normal et leur scolarité peut être normale. D’autres ont besoin de kinésithérapie, de méthodes d’enseignement spécialisées, et sont très limités dans les actes de la vie quotidienne, nécessitant des traitements et une assistance au long cours. Cependant, même les enfants gravement affectés peuvent tirer profit de l’éducation et de la rééducation qui augmentent leur indépendance et leur estime de soi. De nombreux établissements médicaux pour enfants développent des programmes visant à aider les enfants dans leur transition vers l’âge adulte, en particulier étant donné la disponibilité réduite des services d’assistance pour les personnes ayant des besoins spéciaux.

Un service d’information et de conseil peut être utile aux parents et les aidera à comprendre la situation, à entrevoir les possibilités futures de l’enfant et à gérer les éventuels problèmes. Les soins des parents aimants, associés aux aides des structures publiques et privées, telles que les services de santé publique, les organismes de santé comme la United Cerebral Palsy et les instituts de rééducation, peuvent aider l’enfant à atteindre le maximum de ses capacités.

Pronostic de l’infirmité motrice cérébrale

Le pronostic dépend en général de la forme et de la sévérité de l’IMC. La plupart des enfants qui ont une infirmité motrice cérébrale survivent jusqu’à l’âge adulte. Seuls les enfants les plus sévèrement atteints, c’est-à-dire ceux totalement dépendants ou incapables de se nourrir par voie orale, ont une espérance de vie nettement réduite.

Avec un traitement et une rééducation appropriés, de nombreux enfants, tout spécialement ceux atteints d’une diplégie ou d’une hémiplégie spastique, peuvent avoir une vie presque normale.

Prévention de l’infirmité motrice cérébrale

Au cours de la grossesse, si l’on s’attend à ce qu’un nourrisson naisse très prématurément, la femme enceinte reçoit des corticoïdes et du sulfate de magnésium. Les corticoïdes aident les poumons du nourrisson à se développer alors qu’il est encore dans l’utérus de la mère, ce qui améliore l’apport en oxygène vers le cerveau du nourrisson. Le magnésium contribue à protéger les cellules nerveuses en développement dans le cerveau du nourrisson. Les deux médicaments peuvent aider à prévenir l’infirmité motrice cérébrale chez le nouveau-né.

Après la naissance, les grands prématurés peuvent prendre de la caféine. La caféine stimule le développement du système nerveux du nouveau-né et, en augmentant sa fréquence respiratoire, peut contribuer à prévenir les lésions cérébrales dues à un manque d’oxygène. Si l’apport en oxygène ou le flux sanguin vers le cerveau du nouveau-né et d’autres organes était insuffisant avant ou pendant le travail et l’accouchement, le nouveau-né est placé sur une couverture rafraîchissante spéciale pendant quelques jours pour réduire sa température corporelle. Ce traitement est connu sous le nom d’hypothermie thérapeutique. L’hypothermie thérapeutique permet de réduire ou de prévenir d’autres lésions dans le cerveau du nouveau-né.

Informations supplémentaires

Les ressources suivantes, en anglais, peuvent être utiles. Veuillez noter que le Manuel n’est pas responsable du contenu de ces ressources.

  1. United Cerebral Palsy

  2. Miller, F and Bachrach, SJ: Cerebral palsy: A complete guide for caregiving, ed. 3. Baltimore, John Hopkins University Press, 2017.

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