Le transvestisme implique l'excitation sexuelle intense et récurrente provoquée par le travestissement, qui peut se manifester par des fantasmes, des pulsions, ou des comportements. Le trouble de travestissement est un travestissement qui provoque une détresse cliniquement significative ou une altération fonctionnelle dans un ou plusieurs domaines importants de la vie.
(Voir aussi Paraphilies et troubles paraphiliques.)
"Cross-dresser" est un terme plus fréquent et plus acceptable que "travesti". Le travestissement en lui-même n'est pas considéré comme un trouble psychiatrique. Le travestissement existe chez les hommes hétérosexuels et homosexuels. Il est moins fréquente chez la femme, bien qu'elle dispose d'une gamme de vêtements plus large considérée comme compatible avec leur genre. Les personnes non binaires qui s'habillent de vêtements généralement associés à un sexe de naissance différent ne font généralement pas de "travestissement". Certaines personnes qui se travestissent le font pour diverses raisons qui ne sont pas, et peuvent ne jamais avoir été, associées à l'excitation sexuelle (p. ex., les déguisements). Cependant, dans le cas des travestis qui présentent une détresse ou des déficiences cliniquement significatives liées à leurs pulsions ou comportements de travestissement, le diagnostic de trouble de travestissement peut être approprié.
Les hommes qui s'habillent en femme débutent généralement un tel comportement vers la fin de l'enfance. Jusqu'à 3% des hommes se sont travestis et ont été stimulés sexuellement par cela au moins une fois, mais beaucoup moins rapportent un travestissement régulier (1). Le travestissement est associé, du moins au début, à une excitation sexuelle intense. L'excitation sexuelle produite par le vêtement lui-même (et non par le fait de porter le vêtement) est considérée comme une forme de fétichisme et peut se produire avec ou sans travestissement.
Les profils de personnalité des hommes qui se travestissent sont en général similaires aux normes correspondantes à l'âge et à la race. La dysphorie de genre est plus fréquente chez les hommes de sexe masculin présentant un trouble de travestissement. Ces sujets peuvent rapporter une excitation lorsqu'ils portent des vêtements typiquement féminins à l'adolescence qui diminue ou disparaît plus tard au cours de la vie, accompagnée d'un désir de vivre pleinement dans le genre féminin. Certains patients présentant un trouble de travestissement peuvent également présenter une dysphorie de genre intermittente associée à une perte, un deuil, une toxicomanie ou une dépression.
Quand leurs partenaires coopèrent ou désirent coopérer, ces hommes qui se travestissent peuvent avoir des relations sexuelles habillés partiellement ou totalement en femme. Quand leurs partenaires ne sont pas coopérantes, le désir de se travestir peut alors s'accompagner d'anxiété, de dépression, de sentiments de culpabilité et de honte et peuvent éprouver un dysfonctionnement sexuel dans leur relation. En réponse à ces sentiments, ces hommes éliminent souvent de leur garde-robe tout vêtement féminin. Cette purge peut être suivie de cycles supplémentaires d'accumulation de vêtements féminins, de perruques et de maquillage, avec davantage de sentiments de honte et de culpabilité, suivis de nouvelles purges.
Références générales
1. Långström N, Zucker KZ: Transvestic fetishism in the general population: Prevalence and correlates. J Sex Marital Ther 31(2):87-95, 2005. doi: 10.1080/00926230590477934
Diagnostic du trouble de travestissement
Critères du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 5th edition, Text Revision (DSM-5-TR)
Le diagnostic d'un trouble de travestissement nécessite les éléments suivants (1):
Les patients ressentent une excitation récurrente et intense lors du travestissement qui se manifeste par des fantasmes, des pulsions intenses ou des comportements.
Ces fantasmes, ces pulsions sexuelles intenses ou ces comportements provoquent une détresse cliniquement significative ou nuisent au fonctionnement au travail, dans des situations sociales ou dans d'autres domaines importants.
La pathologie a été présente pendant ≥ 6 mois.
Le médecin doit préciser si
Le fétichisme (excitation sexuelle par des tissus, matériaux ou vêtements) ou l'autogynéphilie (l'excitation par des pensées ou des images de soi en tant que femme) sont présents.
Le patient vit dans un environnement contrôlé (p. ex., en institution) ou est en rémission complète (c'est-à-dire, avec au moins 5 ans sans détresse/déficience dans un environnement non contrôlé)
Référence pour le diagnostic
1. Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fifth Edition,Text Revision (DSM-5-TR). American Psychiatric Association Publishing, Washington, DC.
Traitement du trouble de travestissement
Groupes de soutien et sociaux
Parfois, psychothérapie
La plupart des travestis ne se présentent pas pour un traitement et la plupart des sujets qui se travestissent n'ont pas de trouble psychiatrique lié à leur travestissement. Ceux qui consultent pour un bilan ou un traitement sont habituellement conduits par un conjoint mécontent, un tribunal ou se présentent spontanément, par crainte des conséquences sociales et professionnelles négatives. Certains travestis se présentent pour la prise en charge thérapeutique d'une dysphorie de genre associée, d'un abus de substances ou d'une dépression comorbides.
Bien qu'il n'y ait pas d'études contrôlées, les groupes sociaux et de soutien, en direct et sur Internet, pour les hommes qui se travestissent sont souvent très utiles (1, 2).
Aucun médicament n'est efficace de manière certaine, bien que des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine aient été essayés et qu'ils soient parfois bénéfiques chez les patients présentant une composante obsessionnelle-compulsive importante (3).
La psychothérapie, lorsqu'elle est indiquée, vise à l'acceptation de soi, à la thérapie familiale et à la modulation des comportements à risque.
Plus tard au cours de la vie, parfois à la cinquantaine ou à la soixantaine, les hommes travestis peuvent consulter pour des soins médicaux en raison de symptômes de dysphorie de genre et peuvent alors répondre aux critères diagnostiques de la dysphorie de genre.
Références pour le traitement
1. Newring K, Wheeler J, Draper C: Transvestic fetishism: Assessment and Treatment. In Sexual Deviance: Theory, Assessment, and Treatment, Edited by Laws DR and O'Donohue WT. Guilford Press. p. 285.
2. Moser C, Kleinplatz PJ: Transvestic fetishism: Psychopathology or iatrogenic artifact? NJ Psychologist, 52(2):16-17, 2002.
3. Balon Rez-Sierra D, Balgobin C, Wise TN: Treatment of paraphilic disorders. In Practical Guide to Paraphilia and Paraphilic Disorders. Edited by Balon R. Springer/Springer International Publishing AG. 2016. p. 43-62.
Points clés
La plupart des travestis ne répondent pas aux critères cliniques d'un trouble de travestissement.
Diagnostiquer un trouble de travestissement uniquement si le travestissement provoque une détresse cliniquement significative ou altère le fonctionnement et si la condition a été présente pendant ≥ 6 mois.
Aucun médicament n'est efficace de manière fiable; la psychothérapie et les groupes de soutien peuvent être utiles.