Syndrome de l’intestin irritable (SII)

ParZubair Malik, MD, Lewis Katz School of Medicine at Temple University
Vérifié/Révisé avr. 2024
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Les faits en bref

Le syndrome de l’intestin irritable est un trouble du tube digestif qui provoque des douleurs abdominales, une constipation ou une diarrhée.

  • Les symptômes sont variables, mais incluent fréquemment des douleurs dans le bas du ventre, des ballonnements, des flatulences et une constipation ou une diarrhée.

  • Diverses substances et facteurs émotionnels peuvent déclencher les symptômes du syndrome de l’intestin irritable.

  • Le médecin diagnostique généralement le syndrome de l’intestin irritable en fonction des symptômes présentés par le patient, mais effectue des examens complémentaires pour exclure d’autres problèmes.

  • Habituellement, une modification du régime alimentaire et des médicaments peuvent soulager les symptômes spécifiques.

Le syndrome de l’intestin irritable (SII) est fréquent dans l’ensemble de la population. Le SII est un motif fréquent de consultation chez les médecins généralistes.

Le SII est un trouble qui touche le mouvement des intestins, la sensibilité des nerfs des intestins ou la façon dont le cerveau contrôle certaines de ces fonctions. Cependant, malgré ce dysfonctionnement, on ne retrouve aucune anomalie structurale au moyen d’un endoscope (sonde d’observation souple) et avec les examens d’imagerie, les biopsies ou les analyses de sang. Aussi le SII est-il identifié par les caractéristiques symptomatiques et par la normalité des résultats d’examen, le cas échéant.

Causes du syndrome de l’intestin irritable

La cause du SII n’est pas claire. Chez de nombreuses personnes atteintes d’un SII, le tube digestif est particulièrement sensible à certains stimuli. Ces personnes peuvent présenter une gêne causée par des gaz intestinaux ou des contractions de l’intestin que d’autres personnes ne trouvent pas pénibles. Bien qu’on puisse associer les troubles du transit survenant dans le SII à des contractions intestinales anormales, toutes les personnes souffrant d’un SII ne présentent pas de contractions anormales, et chez celles qui les ressentent, cette anomalie ne coïncide pas toujours avec les symptômes. Chez certaines personnes, les symptômes de SII apparaissent après un épisode de gastro-entérite.

Chez certaines personnes, des repas riches en calories ou un régime riche en graisses peuvent constituer un facteur déclenchant.

Chez d’autres, le blé, les produits laitiers, les haricots, le chocolat, le café, le thé, certains édulcorants artificiels, certains légumes (comme l’asperge ou le brocoli) ou les fruits à noyau (comme l’abricot) semblent aggraver les symptômes. Ces aliments contiennent des glucides qui sont mal assimilés par l’intestin grêle. Les glucides sont fermentés par les bactéries de l’intestin, ce qui provoque des flatulences, des ballonnements et des crampes. Étant donné que de nombreux produits alimentaires contiennent plusieurs ingrédients, il peut être difficile d’identifier le déclencheur spécifique.

Le fait de manger trop rapidement ou après une période de jeûne trop prolongée peut également provoquer une poussée (une crise ou un accès). Toutefois, le lien de cause à effet est souvent incohérent.

Des facteurs émotionnels (par exemple, stress, anxiété, dépression et peur), des maladies virales ou les hormones peuvent déclencher ou aggraver une poussée de SII.

Les personnes ne développent pas toujours de symptômes à la suite d’un déclencheur habituel et les symptômes apparaissent souvent en l’absence de déclencheur notable. Le lien entre tous les déclencheurs et la cause du SII n’est pas clair.

Symptômes du syndrome de l’intestin irritable

Le SII a tendance à apparaître à l’adolescence ou pendant la vingtaine, provoquant des accès symptomatiques intermittents, qui reviennent à intervalles irréguliers. L’apparition plus tardive des symptômes de SII à l’âge adulte est possible, mais moins fréquente. Les poussées surviennent presque toujours quand la personne est éveillée, et la réveillent rarement au cours du sommeil.

Les symptômes du SII comprennent des douleurs abdominales liées à la défécation ou soulagées par celle-ci. La douleur abdominale est associée à un changement de la fréquence des selles (comme la constipation ou la diarrhée) ou à leur consistance (molles ou grumeleuses et dures). La douleur peut se manifester par des accès à caractère sourd et continu, ou par des accès de crampes, souvent au niveau du bas de l’abdomen. Les symptômes du SII peuvent également comprendre une dilatation abdominale (distension), la présence de mucus dans les selles et la sensation d’une vidange incomplète après la défécation.

Des ballonnements, flatulences, nausées, maux de tête, de la fatigue, une dépression, de l’anxiété, des courbatures musculaires, des problèmes de sommeil, et des difficultés pour se concentrer sont d’autres symptômes possibles.

Diagnostic du syndrome de l’intestin irritable

  • Examen clinique sur la base des symptômes du patient

  • Analyses médicales pour écarter d’autres troubles

La plupart des personnes atteintes du SII paraissent en bonne santé. Les médecins basent le diagnostic de SII sur les caractéristiques des symptômes du patient. Ils utilisent par ailleurs des critères symptomatiques standardisés dans le diagnostic du SII, appelés critères de Rome. Ils peuvent également effectuer des examens pour diagnostiquer les maladies courantes susceptibles de provoquer des symptômes similaires, notamment si le patient a plus de 45 ans ou présente des signes avant-coureurs, comme une perte de poids, un saignement rectal ou un âge avancé.

Les médecins utilisent les critères de Rome pour diagnostiquer un SII chez les personnes qui ont présenté une douleur abdominale pendant au moins 1 jour par semaine au cours des 3 derniers mois, avec au moins deux des signes suivants :

  • La douleur est liée à la défécation.

  • La douleur est associée à une modification de la fréquence des selles (constipation ou diarrhée).

  • La douleur est associée à une modification de la consistance des selles.

En général, l’examen clinique est normal, hormis un certain degré de douleur du gros intestin. Les médecins effectuent un toucher rectal, au cours duquel ils insèrent un doigt ganté dans le rectum du patient. Les femmes peuvent aussi faire également l’objet d’un examen pelvien.

En général, les médecins réalisent des examens complémentaires, par exemple des analyses de sang, pour différencier le SII d’une maladie de Crohn, d’une rectocolite hémorragique, d’un cancer (principalement chez les plus de 45 ans), d’une colite microscopique, d’une maladie cœliaque et de bien d’autres maladies et infections pouvant provoquer des douleurs abdominales et une modification du transit. Ces résultats sont généralement normaux chez les personnes souffrant de SII.

Les médecins peuvent réaliser d’autres examens, comme une échographie de l’abdomen ou d’autres examens d’imagerie des intestins, chez les personnes dont les symptômes sont inhabituels pour un SII, comme de la fièvre, des selles sanglantes, une perte de poids et des vomissements. Une coloscopie est généralement réalisée chez les personnes âgées de plus de 45 ans pour exclure les tumeurs ou les polypes du gros intestin.

D’autres troubles digestifs (comme une appendicite, une maladie de la vésicule biliaire, des ulcères et un cancer) peuvent se développer chez une personne atteinte d’un SII, notamment après 45 ans. Aussi, si les symptômes changent de manière très nette, si de nouveaux symptômes se développent ou si les symptômes sont inhabituels pour un SII, des examens complémentaires seront peut-être nécessaires.

Les symptômes de SII pouvant être déclenchés par le stress et des conflits émotionnels, les médecins interrogent le patient afin d’identifier un état de stress, d’anxiété ou des troubles de l’humeur. Les médecins posent également des questions pour écarter un éventuel abus de laxatifs.

Traitement du syndrome de l’intestin irritable

  • Avoir un régime alimentaire normal et éviter les aliments qui causent des flatulences et des diarrhées

  • Augmenter l’apport en fibres et en eau pour éviter la constipation

  • Parfois, des médicaments

Le traitement du SII varie d’une personne à l’autre. Si des aliments particuliers ou des types de stress semblent déclencher les symptômes, il convient de les éviter dans la mesure du possible.

Chez la plupart des personnes, en particulier celles qui sont prédisposées à la constipation, une activité physique régulière contribue à entretenir le fonctionnement normal du tube digestif.

Régime alimentaire 

(Pour plus d’informations sur l’alimentation et le SII, voir les Recommandations du National Institute of Diabetes and Digestive Disease [Institut national américain du diabète et des maladies du système digestif].)

Les personnes constatent souvent une amélioration si elles prennent des repas fréquents et légers, plutôt que des repas copieux et moins fréquents (par exemple, 5 ou 6 petits repas fractionnés plutôt que 3 repas copieux par jour). Les personnes doivent essayer de manger moins vite. Lorsqu’elles présentent des ballonnements abdominaux et des flatulences, les flageolets, le chou et les autres aliments difficiles à digérer doivent être évités.

Certaines personnes parviennent à réduire leurs symptômes de SII en limitant leur consommation d’aliments riches en certains glucides appelés oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentescibles. Ces aliments sont communément appelés FODMAP. Les FODMAP sont des glucides mal absorbés et rapidement fermentés par les bactéries se trouvant dans l’intestin grêle, ce qui entraîne une augmentation des flatulences et de la gêne abdominale.

Le sorbitol, un édulcorant artificiel utilisé dans certains aliments et chewing-gums, ne doit pas être consommé en grande quantité. Le fructose, un constituant courant des fruits, des baies et de certaines plantes, ne doit être consommé qu’en petites quantités. Les personnes atteintes du SII et ne pouvant digérer le sucre appelé lactose (ce que l’on appelle intolérance au lactose), présent dans le lait et les autres produits laitiers, doivent consommer des produits laitiers seulement avec modération.

Les personnes peuvent essayer de réduire leur consommation en aliments mentionnés ci-dessus, un à la fois, et déterminer si leurs symptômes changent, ou elles peuvent essayer un régime pauvre en FODMAP, qui restreint l’ensemble de ces aliments en même temps. Si les modifications de l’alimentation diminuent les symptômes, les personnes peuvent progressivement réintroduire les aliments restreints un par un et surveiller leurs symptômes.

Un régime pauvre en graisses est bénéfique chez certaines personnes, notamment celles dont l’estomac se vide trop lentement ou trop rapidement.

On peut souvent soulager la constipation en consommant davantage de fibres et en buvant plus d’eau. Les personnes constipées peuvent prendre des suppléments de psyllium mucilloïde avec 2 verres d’eau. Cependant, l’augmentation de la consommation de fibres peut aggraver les flatulences et les ballonnements. On peut parfois atténuer les flatulences en passant à une préparation de fibre synthétique (de type méthylcellulose ou psyllium).

Médicaments

Certains laxatifs sont raisonnablement sûrs et souvent efficaces contre la constipation. Ces laxatifs sont notamment ceux qui contiennent du polyéthylène glycol et les laxatifs stimulants comme ceux qui contiennent du bisacodyl ou de la glycérine. La lubiprostone, le linaclotide, le plécanatide, et le ténapanor sont des laxatifs sur ordonnance, qui peuvent également soulager la constipation. Le prucalopride est un autre médicament qui affecte la motilité intestinale et peut aider les personnes souffrant de constipation chronique.

Les médicaments anticholinergiques, comme l’hyoscyamine, peuvent parfois soulager la douleur abdominale en bloquant les spasmes des muscles intestinaux. Néanmoins, ces médicaments provoquent souvent des effets secondaires anticholinergiques (voir l’encadré Anticholinergique : définition), comme une sécheresse buccale, une vision floue ou des troubles mictionnels.

Les médicaments antidiarrhéiques, comme le diphénoxylate ou le lopéramide, aident les personnes qui souffrent de diarrhée. L’éluxadoline est un autre médicament pouvant être administré à certaines personnes souffrant de diarrhée sévère causée par le SII.

La rifaximine, un antibiotique, peut être prescrite pour soulager les symptômes de diarrhée, de ballonnements et de douleurs abdominales.

L’alosétron est parfois utilisé contre la diarrhée chez les femmes âgées chez qui d’autres médicaments sont inefficaces. Néanmoins, comme l’alosétron a été associé à un risque accru de colite ischémique, son utilisation est limitée aux États-Unis.

Certains antidépresseurs permettent de soulager les symptômes de douleurs abdominales, de diarrhée et de ballonnements chez de nombreuses personnes. L’utilisation prolongée de certains antidépresseurs comme la nortriptyline ou la désipramine est souvent utile. Les antidépresseurs peuvent non seulement soulager la douleur et les autres symptômes, mais également atténuer les troubles du sommeil et l’état dépressif ou anxieux.

Les probiotiques, des bactéries naturellement présentes dans l’organisme et favorisant la croissance des bonnes bactéries, peuvent être administrés.

Chez certaines personnes, les huiles essentielles, dont l’huile essentielle de menthe poivrée, soulagent souvent la douleur provoquée par les crampes.

Autres traitements

Les techniques de modification du comportement (comme la thérapie cognitive comportementale, la psychothérapie et l’hypnose) peuvent aider certaines personnes atteintes d’un SII.

Informations supplémentaires

Les ressources suivantes, en anglais, peuvent être utiles. Veuillez noter que LE MANUEL n’est pas responsable du contenu de ces ressources.

  1. International Foundation for Functional Gastrointestinal Disorders (IFFGD ; Fondation internationale contre les troubles gastro-intestinaux) : formation, aide et soutien pour les personnes atteintes de troubles gastro-intestinaux (GI)

  2. National Institutes of Health (NIH, Instituts nationaux américains de la santé) : informations sur l’alimentation, le régime alimentaire (y compris régime FODMAP) et la nutrition pour les personnes atteintes du syndrome de l’intestin irritable

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