Chimiothérapie et autres traitements systémiques du cancer

ParRobert Peter Gale, MD, PhD, DSC(hc), Imperial College London
Vérifié/Révisé juil. 2024
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Les traitements systémiques sont ceux qui ont des effets dans tout l’organisme plutôt que de cibler directement le cancer. La chimiothérapie est une forme de traitement systémique qui utilise des médicaments pour tuer les cellules cancéreuses ou les empêcher de se développer.

Les traitements systémiques du cancer comprennent :

  • Traitement endocrinien (hormonal)

  • Chimiothérapie (médicaments anticancéreux)

  • Thérapie ciblée

  • Immunothérapie

  • Thérapie génique

  • Divers autres médicaments contre le cancer

L’immunothérapie est un traitement systémique du cancer qui stimule le système immunitaire de l’organisme contre le cancer (voir Immunothérapie anticancéreuse).

Le nombre de traitements anticancéreux disponibles augmente rapidement. Le National Cancer Institute (Institut national américain du cancer) tient à jour une liste des médicaments utilisés pour traiter le cancer. La liste fournit un bref résumé des utilisations de chaque médicament et des liens vers des informations supplémentaires.

Tous les cancers ne répondent pas à la chimiothérapie.

Le médicament à utiliser, son éventuelle association avec d’autres médicaments, sa dose et son calendrier d’administration dépendent du type de cancer à traiter.

La chimiothérapie peut également être utilisée comme traitement unique ou en association avec la radiothérapie, la chirurgie, ou l’immunothérapie (voir aussi Principes du traitement du cancer).

Traitement endocrinien du cancer

Les hormones sont des protéines produites par les glandes endocrines qui affectent l’activité des tissus et des organes cibles. Les hormones agissent tels des messagers qui contrôlent et coordonnent les activités de tout l’organisme. Certains cancers se développent et se propagent davantage lorsqu’ils sont exposés à certaines hormones. Par conséquent, inverser les effets de ces hormones permet de contrôler certains cancers hormonodépendants. Cependant, ces médicaments peuvent également provoquer des symptômes de carence hormonale.

Par exemple, le cancer de la prostate se développe plus rapidement lorsqu’il est exposé à l’hormone sexuelle masculine testostérone et à d’autres stéroïdes androgènes. Pour cette raison, un traitement anti-androgénique est fréquemment utilisé pour traiter le cancer de la prostate. Certains médicaments anti-androgènes, tels que le leuprolide, la goséréline et d’autres, empêchent l’hypophyse de stimuler les testicules pour produire de la testostérone. D’autres médicaments d’hormonothérapie, comme le flutamide, le bicalutamide et le nilutamide, sont utilisés pour bloquer les effets de la testostérone. Ces traitements hormonaux ne permettent pas de guérir du cancer de la prostate, mais ils peuvent ralentir la croissance et la propagation du cancer. Cependant, ces médicaments peuvent aussi provoquer des symptômes de déficit en testostérone tels que bouffées de chaleur, ostéoporose, perte d’énergie, réduction de la masse musculaire, prise de poids due à une rétention de liquide, baisse de la libido, diminution de la pilosité corporelle, dysfonction érectile et hypertrophie des seins.

Certains cancers du sein se développent plus rapidement lorsqu’ils sont exposés aux hormones sexuelles féminines œstrogènes et/ou progestérone. Des médicaments comme le tamoxifène et le raloxifène se lient aux récepteurs aux œstrogènes et inhibent la croissance du cancer du sein dépendante des récepteurs des œstrogènes. Ces médicaments réduisent également le risque de développer un cancer du sein. Les inhibiteurs de l’aromatase, tels que l’anastrozole, réduisent la production d’œstrogènes en bloquant une enzyme qui transforme d’autres hormones en œstrogènes et présentent un bénéfice similaire.

Le traitement endocrinien peut être utilisé seul ou en association avec d’autres types de traitements anticancéreux.

Chimiothérapie

La chimiothérapie consiste à utiliser des médicaments qui détruisent les cellules cancéreuses. Bien qu’un médicament chimiothérapique idéal doive détruire les cellules cancéreuses sans léser les cellules saines, la plupart des médicaments ne sont pas aussi sélectifs. En revanche, les médicaments ont pour but d’induire plus de dommages aux cellules cancéreuses qu’aux cellules saines, ce qui est le cas des agents qui affectent la croissance d’une cellule. Une croissance incontrôlée et rapide est caractéristique des cellules cancéreuses. Cependant, comme les cellules saines ont également besoin de croître, et rapidement pour certaines (comme celles qui se trouvent dans la moelle osseuse et dans les muqueuses de la bouche et de l’intestin), tous les agents de chimiothérapie affectent les cellules saines et provoquent des effets secondaires.

La chimiothérapie est utilisée pour guérir le cancer. Elle peut également réduire le risque de rechute du cancer, ralentir le développement d’un cancer ou rétrécir les tumeurs qui provoquent une douleur ou d’autres problèmes.

Si un seul agent de chimiothérapie peut être efficace contre certains types de cancers, les médecins administrent souvent plusieurs agents chimiothérapiques dotés de différents effets simultanément (chimiothérapie combinée).

Les schémas de chimiothérapie varient en fonction du type et de l’étendue de la tumeur. Les médicaments sont généralement administrés à intervalles spécifiques, séparés par des périodes de repos conçues pour permettre aux personnes de se rétablir de tout effet secondaire. Selon la réponse au traitement, une autre chimiothérapie peut être nécessaire. Dans certains cas, en fonction de la réponse au traitement, une chimiothérapie peut être administrée indéfiniment afin de réduire le risque de récidive de la tumeur.

Chimiothérapie à forte dose

Pour tenter d’augmenter les effets de destruction de la tumeur des médicaments anticancéreux, la dose peut être augmentée. Parfois, la période de repos entre les cycles de chimiothérapie peut être réduite. La chimiothérapie à forte dose, avec des périodes de repos plus courtes, est couramment utilisée dans de nombreux cancers, tels que les leucémies, les lymphomes, les cancers du poumon, les cancers du pancréas, les cancers du système digestif, les cancers du sein et d’autres.

La chimiothérapie à forte dose est parfois utilisée pour traiter les cancers récidivants après une chimiothérapie à dose standard, en particulier le myélome, le lymphome et la leucémie. Cependant, la chimiothérapie à forte dose peut provoquer une atteinte de la moelle osseuse potentiellement mortelle (aplasie médullaire). Elle est en conséquence associée à des stratégies de sauvetage de la moelle osseuse, dans lesquelles on prélève des cellules de la moelle osseuse avant toute chimiothérapie pour les ré-administrer au patient à la fin du traitement. Dans certains cas, ces cellules peuvent être isolées dans la circulation sanguine plutôt que dans la moelle osseuse et reperfusées au patient après la chimiothérapie pour rétablir la fonction de la moelle osseuse.

Thérapie ciblée

Une approche visant à augmenter l’efficacité utilise des médicaments qui ciblent des mutations spécifiques dans les cellules cancéreuses. Ces médicaments contrôlent les cellules cancéreuses en ciblant les voies et processus spécifiques indispensables à la croissance et la survie des cellules cancéreuses. L’imatinib et d’autres médicaments qui inhibent l’enzyme tyrosine kinase sont très efficaces dans la leucémie myéloïde chronique et dans certains cancers du tube digestif. L’erlotinib, le géfitinib et l’osimertinib ciblent des mutations du récepteur du facteur de croissance épidermique (Epidermal Growth Factor Receptor, EGFR) et sont utilisés pour traiter les cancers du poumon porteurs de ces mutations. Les médicaments ciblés sur le plan moléculaire se sont révélés utiles dans le traitement de nombreux autres cancers, notamment d’autres leucémies ainsi que les cancers du sein et du rein.

Thérapie génique

Comme les modifications (mutations) des gènes sont à l’origine du cancer, les chercheurs recherchent des manières de manipuler les gènes pour lutter contre le cancer.

Une forme de thérapie génique implique la modification génétique de lymphocytes T (un type de cellules immunitaires), voir aussi Lymphocytes T modifiés. Les médecins prélèvent les lymphocytes T du sang de la personne et les modifient génétiquement afin qu’ils reconnaissent le cancer spécifique de la personne. Lorsque les lymphocytes T modifiés, appelés cellules à récepteur antigénique chimérique ou cellules CAR-T, sont réinjectés dans la circulation sanguine de la personne, ils attaquent le cancer. Les lymphocytes CAR-T peuvent être utilisés chez les personnes atteintes de leucémie lymphoblastique aiguë, de myélome multiple et de lymphome.

Des chercheurs évaluent actuellement des techniques permettant aux scientifiques d’insérer de nouveaux gènes dans une cellule, d’éteindre les gènes anormaux ou d’augmenter l’activité des gènes utiles (voir aussi Thérapie génique). Les médecins espèrent que ces techniques pourront un jour être utiles pour traiter le cancer.

Autres médicaments

Les cellules cancéreuses sont immatures et se développent rapidement. Ainsi, un type de médicament favorise la maturation plus rapide (différenciation) des cellules cancéreuses afin de ralentir la croissance de la tumeur. Il se peut que ces agents de différenciation ne soient efficaces que pendant une courte période. Par conséquent, ils sont souvent utilisés dans la chimiothérapie combinée.

Les agents anti-angiogenèse empêchent la tumeur de former de nouveaux vaisseaux sanguins. Si la croissance des vaisseaux sanguins est bloquée, le cancer n’aura pas l’apport sanguin nécessaire pour se développer. Certains médicaments peuvent bloquer la formation des vaisseaux sanguins qui alimentent les cellules cancéreuses. Le bévacizumab est un anticorps monoclonal qui bloque un facteur de croissance nécessaire aux vaisseaux sanguins. Il est efficace contre les cancers du rein et du côlon. D’autres médicaments, comme le sorafénib et le sunitinib, bloquent le récepteur du facteur de croissance des vaisseaux sanguins. Ils peuvent être efficaces contre les cancers du rein et du foie.

D’autres médicaments encore ciblent les voies utilisées par les cellules cancéreuses pour signaler à des cellules supplémentaires de se former ou de croître.

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